Le Cardinal Ouellet annonce un symposium pour une théologie fondamentale du sacerdoce

Le Cardinal Ouellet, préfet de la congrégation pour les évêques, a annoncé en conférence de presse la tenue d’un symposium international « pour une théologie fondamentale du sacerdoce », à Rome, du 17 au 19 février 2022.

A cette occasion est également intervenu le Père Vincent Siret, recteur du séminaire français à Rome. Retrouvez ci-après leurs interventions respectives.

 

Prise de parole du Cardinal Ouellet en conférence de presse (Rome, 12 avril 2021)

A l’approche du dimanche des vocations et dans le cadre de la recherche de l’Église sur la synodalité, j’ai l’honneur et la joie de présenter au grand public un projet de Symposium théologique sur les vocations. Le Pape François a souvent répété ce qu’il a dit en 2015 à propos de la synodalité: «Le chemin de la synodalité est le chemin que Dieu attend de l’Église du troisièmemillénaire.» Cette attente de Dieu et du Saint Père peut sembler abstraite à première vue, mais quand on la considère du point de vue des vocations, elle se charge d’un contenu très concret. La synodalité signifie au fond la participation active de tous les fidèles à la mission de l’Église, elle décrit la marche solidaire du peuple des baptisés vers le Royaume qui s’édifie au quotidien dans les réalités de la famille, du travail et de la vie sociale et ecclésiale sous toutes ses formes. Cela suppose une vie de foi et une collaboration étroite entre laïcs, prêtres, religieux et religieuses, pour l’annonce de l’Évangile au monde par le témoignage attrayant des communautés chrétiennes. Cette croissance attendue d’une Église synodale correspond certainement aux orientations du Concile Œcuménique Vatican II qui sont encore en voie d’approfondissement théologique et pastoral.

Le Symposium que j’introduis aujourd’hui à l’attention du public a pour titre: «Pour une théologie fondamentale du sacerdoce». Il consiste en une session intense de trois jours, ouverte à tous, mais destinée spécialement aux évêques, et à tous ceux, hommes et femmes, qui s’intéressent à la théologie, afin d’approfondir le sens des vocations et l’importance de la communion entre les différentes vocations dans l’Église. Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus, patronne des missions et docteur de l’Église, nous a rappelés que l’amour est la force motrice de la mission de l’Église. Elle a témoigné cet amour surtout par la prière et la pénitence dans le cadre de sa vie au Carmel, mais cet amour est répandu par l’Esprit Saint dans le cœur de tous les baptisés, pour être donné au monde par ce que saint Paul appelle les «articulations et jointures» du Corps du Christ (Col 2, 19), c’est-à-dire par l’Église présente et opérante dans le monde au service de l’humanité souffrante d’aujourd’hui. Ce sacerdoce de l’Amour qui est exercé par toute la communauté ecclésiale, est animé et soutenu par une variété de vocations à l’amour, dont les contours et les couleurs se distinguent et se complètent mutuellement. Entre prêtres et laïcs, entre religieux et religieuses de différents charismes, l’Esprit Saint communique la grâce qui opère la communion entre tous, qui permet de surmonter les obstacles, et qui rejoint par cette communion, mystérieusement et au moins virtuellement, toute l’humanité. Il est clair qu’une telle recherche théologique et pastorale ne concerne pas seulement l’Europe ou l’Amérique mais toute l’Église dans tous les continents.

Un symposium théologique ne prétend pas offrir de solutions pratiques à tous les problèmes pastoraux et missionnaires de l’Église, mais il peut approfondir des vérités qui constituent la base de la mission de l’Église. L’éclairage de la Révélation sur le Sacerdoce du Christ et la participation de l’Église à ce sacerdoce est une question cruciale pour notre temps. Il s’agit d’un thème qui n’est pas nouveau, mais qui est central, et dont l’originalité sera de mettre en rapport fondamental le sacerdoce des baptisés que le Concile Vatican II a remis en valeur, et le sacerdoce des ministres, évêques et prêtres, dont l’Église catholique a toujours affirmé la spécificité. Ce rapport ne va pas de soi à notre époque, car il suppose des réajustements pastoraux, et il implique des questions œcuméniques qui ne seront pas ignorées, de même que les mouvements culturels qui s’interrogent sur la place de la femme dans l’Église. Tous sont conscients par ailleurs de la disette des vocations en beaucoup de milieux, des tensions sur le terrain à cause de visions pastorales divergentes, des défis que posent le multiculturalisme et les migrations, sans oublier les idéologies qui conditionnent le témoignage des baptisés et l’exercice du ministère sacerdotal dans les sociétés sécularisées. Comment vivre dans ce contexte une conversion missionnaire de tous les baptisés sans une nouvelle prise de conscience du don de l’Esprit Saint à l’Église et au monde par le Christ ressuscité?

Dans cette recherche de conversion synodale, il y a place pour un vaste chantier théologique qui devrait offrir une vision renouvelée, un sens de l’essentiel, une manière de valoriser toutes les vocations dans le respect de la spécificité de chacune. Cette vision de la communion des vocations s’enracine dans la communion des Personnes divines et veut déployer une ecclésiologie trinitaire capable de dynamiser une Église synodale et missionnaire dont rêve le Pape François. Il est clair que cette recherche intéresse toute l’Église, en particulier les évêques, mais aussi les théologiens et théologiennes, la vie consacrée, les gens mariés, et la formation à tous les niveaux. Mes collègues le diront plus en détails dans un instant.

J’ajoute pour ma part que cette initiative est une grande entreprise qui a été soigneusement préparée, mais qui comporte une marge de risque dans les circonstances actuelles de la pandémie. Il s’agit donc d’un acte de foi que nous n’aurions pas osé sans quelques confirmations d’en haut, et devant l’urgence de susciter un mouvement vocationnel à la suite des différentes expériences synodales de ces dernières années. En effet, lors des synodes sur la famille, les jeunes, et l’Église en Amazonie, les questions du sacerdoce et de la synodalité ont été soulevées dans toute leur ampleur avec une insistance sur la réalité du baptême qui est à la base de toutes les vocations. Le temps est venu de prolonger la réflexion et de promouvoir un mouvement vocationnel qui facilite le partage des diverses expériences de l’Église partout sur la planète.

Nous voulons donc rassembler des délégations nationales ou diocésaines de tous les continents à la salle d’audience Paul VI durant trois jours, du 17 au 19 février 2022, avec un programme intense de conférences qui sera couronné par un envoi de la part du Pape François. Le programme des conférences est mis à la disposition des journalistes et du public à partir d’aujourd’hui. Un site internet a été ouvert il y a quelques jours et servira à donner de plus amples informations aux personnes intéressées, à faciliter les modalités d’inscriptions pour les participants et à solliciter des contributions financières pour soutenir l’organisation de ce grand évènement.

Étant donné l’envergure de ce symposium qui voudrait marquer une étape dans la recherche de l’Église et encourager des publications, je ne peux lancer cette invitation comme préfet de la Congrégation pour les évêques, sans faire appel à la prière du peuple de Dieu, et en particulier à celle des communautés contemplatives. Puisqu’il s’agit du sacerdoce, dont il nous faut réactiver la conscience baptismale et ministérielle, de même que la conscience de la fécondité de la vie consacrée, cela ne peut être obtenu que par une grâce d’en haut à demander avec insistance et persévérance. J’invite donc spécialement les évêques à accueillir cet appel et à relancer cette préoccupation pour les vocations dans le cadre de leur Église particulière, en communion avec le Pape François et ses collaborateurs de la Curie romaine. Je remercie le Service des Communications du Saint-Siège pour sa disponibilité à collaborer aujourd’hui et dans les mois à venir à cet évènement. Merci beaucoup.

Prise de parole du Père Vincent Siret (Rome, 12 avril 2021)

Le Symposium du 17 au 19 février 2022 «Pour une théologie fondamentale du sacerdoce» concerne les formateurs des futurs prêtres dans l’Église et je ne doute pas qu’ils prennent à cœur d’y participer. En effet, comment former ceux que le Seigneur appelle dans son Église à recevoir le ministère de prêtre s’ils ne sont pas éclairés de manière plus précise que jamais non seulement sur ce qu’ils s’apprêtent à recevoir par le sacrement de l’Ordre mais aussi et surtout comment ils se situent dans la communion de l’Église tout entière? La réflexion n’est certes pas nouvelle mais elle doit être reprise sans cesse et toujours de manière renouvelée. Il ne suffit pas en effet de répéter. L’élargissement jusqu’à la dimension trinitaire, source de toute communion, est essentielle pour qu’on ne limite pas le champ à la collaboration et à une répartition plus réfléchie des tâches ou même à la coresponsabilité, mais qu’on vise d’abord la source trinitaire elle-même. La vie baptismale est la vocation humaine fondamentale et tous doivent exercer le sacerdoce reçu au baptême. Le ministère est à ce service. On peut espérer par exemple échapper ainsi à un face-à-face décevant et contre-productif prêtres-laïcs pour articuler ce couple avec la présence et la vie de religieux et religieuses, qui se situent d’ailleurs des deux côtés.

Réfléchir sur la théologie fondamentale du sacerdoce permettra aussi de revenir à frais nouveaux sur les justifications du célibat sacerdotal et la manière de le vivre. C’est un service que l’on doità ceux qui se préparent à recevoir le sacrement de l’ordre de leur montrer les raisons qui justifient une telle demande et un tel engagement de vie et de leur proposer en conséquence et en cohérence les manières les plus adaptées de vivre dans la fidélité à ce don. A la suite de quoi, il leur est possible de prendre un engagement en connaissance de cause. La consécration de sa vie entière prend l’ensemble de la personne et ne peut se justifier que dans une perspective oblative à la suite du Christ dans une dynamique trinitaire. L’Amour est à la racine du don de soi. L’équilibre humain qui est requis pour envisager une vocation particulière est certes nécessaire, indispensable mais ultimement, l’engagement ne peut s’appuyer que sur une théologie elle-même juste, faisant place à toutes les vocations et situant celle du ministère à l’intérieur de l’ensemble. La lutte entreprise contre toutes les formes d’abus des clercs dont le Pape François repère la source dans le cléricalisme ne peut se faire que dans une clarté théologique. Cette lutte requiert à la fois non seulement une perspective horizontale de juste rapport entre les baptisés, rapport qui, lui-même, ne peut provenir que d’une perspective verticale d’une juste relation à Dieu et à la Sainte Trinité.

Le Symposium s’inscrit comme vient de le rappeler M. le Cardinal dans le chemin de synodalité. Ce chemin est en effet l’unique possibilité pour échapper au cléricalisme ecclésial. Je dis bien ecclésial et non ecclésiastique car les clercs à l’intérieur de l’Église ne sont pas les seuls à être tentés par cette vision tronquée et mensongère. La vocation de tous à entrer par grâce dans le Royaume est explicite et unique et elle empêche un quelconque repliement sur les structures ecclésiales. Le ministère des prêtres n’est pas d’abord d’ordre structurel ou organisationnel mais essentiellement mystique, c’est-à-dire inscrit dans le Mystère. Seule cette ultime profondeur du Mystèredans laquelle la marche ne peut être qu’une marche avec et à la suite du Christ vers le Père dans l’Esprit peut permettre une sortie par en haut des nombreuses difficultés et risques rencontrés d’engluement dans une dimension mondaine, celle d’une lutte de pouvoir ou d’une communication publicitaire.

La théologie du sacerdoce revisitée en son fonds et habitée ne peut que redonner non seulement un élan missionnaire mais plus profondément encore une unité missionnaire loin d’une quelconque uniformité. Toute la vie de l’Église est missionnaire ou sinon elle n’est ni vie ni ecclésiale. Le Pape François écrit au n° 273 de Evangelii gaudium: «je suis une mission sur cette terre et pour cela je suis dans ce monde». Une telle affirmation est liée avec l’offrande du monde au Père et l’accueil du don du Père en son Fils par l’Esprit, Amour pour le monde. La mission elle aussi retrouve donc sa dynamique propre si elle est vue dans son lien avec la communion d’Amour qui est la vocation de tous. Le ministre ordonné peut alors se situer dans ce dessein éternel du Père.

Ce Symposium, tout le monde s’en doute, demande une organisation complexe et importante. Une association, le Centre de recherche et d’anthropologie des vocations, a été créée pour soutenir financièrement le projet et en assurer le bon déroulement. Vous pouvez vous brancher sur le site www.communio-vocatio.com où un don est possible pour soutenir ce colloque et les travaux de recherche menés par le Centre; cela permettra entre autres une répartition pour permettre au plus grand nombre de ceux qui le désirent d’y participer. C’est là que vous pouvez récupérer le contenu et les étapes prévues du Symposium. C’est aussi sur le site enfin que vous pourrez vous inscrire et obtenir toutes les informations nécessaires. Une traduction simultanée en français, anglais, espagnol, italien, allemand sera assurée.

Les journées de ce Symposium sont divisées de telle manière d’aborder les différentes thématiques. Chaque demi-journée est présidée par un cardinal.

Le 17 février s’intitule: tradition et nouveaux horizons. Cette journée sera présidée le matin par le cardinal Ouellet et l’après-midi par le préfet de la Congrégation pour le Clergé.

Les communications du 18 février se regroupent autour du trio: Trinité, mission, sacramentalité. La journée est présidée le matin par la Congrégation pour le Culte divin et la discipline des sacrements et l’après-midi est confiée à la Congrégation pour l’Education catholique.

Le samedi 19, la messe sera présidée le matin par le Secrétaire d’Etat, le cardinal Parolin, à la basilique Saint-Pierre. Les travaux ensuite seront réunis sous le trio: célibat, charisme, spiritualité, sous la présidence de la Congrégation pour la Cause des saints le matin et l’après-midi, celle de du préfet du Dicastère pour les laïcs, la famille et la vie. Le Pape François enverra en mission les participants en fin d’après-midi.

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