Evangéliser sur TIK TOK : quelle liberté de parole ?

Vous avez sans doute tous suivis les nombreux rebondissements de ces dernières semaines sur les prêtres qui évangélisent sur Tik Tok.

Pour accompagner certains prêtres sur Tik Tok, Le SNEJV a initié il y a quelques mois un petit groupe de partage avec certains d’entre eux présents sur ce réseau social.

L’enjeu est important et nous poursuivons le travail pour avancer dans le discernement et l’accompagnement nécessaire.

Pour alimenter votre réflexion sur ce sujet important (Tik Tok est essentiellement un réseau de jeunes), nous vous conseillons les bonnes réflexions de Mgr Emmanuel Gobillard, du Père Pierre-Hervé Grosjean, et de Philo Cognitif (pseudo) dans divers articles de la Croix de la semaine dernière.

En particulier :

Morceaux choisis pour alimenter nos réflexions :

 « Il y a sur les réseaux une dimension affective et personnelle qui fait que notre présence ne peut pas être uniquement institutionnelle. Mais cela fait partie du jeu : lorsque l’on est ordonné prêtre, on doit accepter la dimension publique qui vient avec. Comme toute personne publique, un clerc ne peut communiquer uniquement en son nom ! »

(Mgr Gobillard)

« Entre prêtres et évêques présents sur les réseaux, nous en parlons entre nous, dans le cadre de la correction fraternelle. Il ne s’agit pas d’être dans l’interdit, d’autant que nous ne sommes pas tous de la même génération et avons des usages différents des réseaux. Mais nous nous éduquons, nous corrigeons entre nous. »

(Mgr Gobillard)

« De même qu’on n’est pas prêtre sans l’Église, un clerc ne peut enseigner ou transmettre autre chose que ce que disent la Parole de Dieu et la foi de l’Église – surtout sur des sujets sur lesquels le magistère s’est déjà exprimé. C’est une question de fidélité à la mission reçue ! C’est finalement la même responsabilité que lorsqu’un prêtre prononce son homélie, sauf que l’audience est considérablement plus importante. C’est pour cela que cette liberté de ton, bien qu’elle soit nécessaire, doit être responsable et accompagnée.

Responsable, car le prêtre a conscience que sa parole, son audience, sa fonction l’engagent et engagent l’Église dont il a reçu ce qu’il est. Il doit rester serviteur de son message. À la fin, c’est le message qu’on doit retenir plus que le messager. C’est d’autant plus important avec les réseaux sociaux, qui tendent à mettre surtout en valeur la personne devant la caméra.

Liberté accompagnée, car on n’est jamais prêtre tout seul, mais en communion avec toute l’Église. Il est vital de rester dans l’obéissance avec son évêque, dont le rôle est de veiller à la cohérence de ce qui est annoncé par les prêtres de son diocèse. Plus un clerc est exposé, plus il est important que celui-ci se laisse entourer, qu’il ait des frères pour l’aider à discerner. Cela a été très précieux pour moi quand j’ai commencé à être exposé médiatiquement. »

(Père Grosjean)

« Les réseaux sociaux bousculent-ils la façon dont l’Église s’expriment. C’est parce que le père Matthieu a compris comment TikTok marchait que ses vidéos fonctionnent. Il a les codes de TikTok, et je ne suis pas sûr que beaucoup d’autres prêtres les aient. Après, faut-il forcément choquer des gens pour en toucher d’autres ? Il faut absolument une formation dans les séminaires sur les réseaux sociaux, pour en comprendre les codes et mieux parler à ceux qui sont loin de l’Église. Mais je pense que le débat, s’il doit avoir lieu, ne pourra se faire qu’entre les personnes : rien ne remplace la rencontre. »

(Philo Cognitif)

« Dans le diocèse de Lyon, nous formons les acteurs pastoraux à la communication, et donnons des règles très simples aux prêtres pour les réseaux : ne pas être dans la critique, évoquer des choses en lien avec son ministère, être bienveillant, jamais polémique, ne pas y passer un temps démesuré… Être finalement sur les réseaux comme on souhaite être dans la vie ! Parce que les réseaux sont des lieux où le narcissisme peut particulièrement rejaillir, il est important d’être accompagné par une équipe de communication. Il faut parfois se méfier de soi-même ! D’autant qu’une seule erreur de communication sur les réseaux peut conduire à perdre la confiance en soi et la joie de son ministère. »

(Mgr Gobillard)

« Je n’ai rien contre le fait que des prêtres s’exposent, l’Église a besoin de figures sachant utiliser les réseaux pour incarner le message de l’Évangile. Cela peut être un vrai service ! Mais cette audace doit s’accompagner de prudence, de cohérence et d’une vraie loyauté. »

(Père Grosjean)

 

« Cet épisode est une invitation pour les laïcs à avoir une parole plus libre dans l’Église. Qu’il soit sur TikTok ou dans une soirée entre amis, un prêtre parle toujours aussi en tant que porte-parole de l’Église. Les laïcs sont moins soumis à cette exigence, ils ont plus de liberté. »

(Philo Cognitif)

« Le débat est possible à partir du moment où chacun a conscience que la doctrine n’est pas immuable. Si nous pensons que la doctrine ne change pas, alors il n’y a pas de débat possible. C’est la Parole de Dieu qui est immuable, pas la doctrine ! Cependant, je sens qu’il faut être armé théologiquement et humainement pour intervenir sur les réseaux sociaux car les débats deviennent très vite violents. C’est étonnant que des gens qui disent appartenir à l’Église catholique soient aussi violents dans leurs propos ! »

(Philo Cognitif)

Approfondir votre lecture

Le Synode sur la synodalité

Le Service civique dans l'Eglise

Laudato Si

#ChristusVivit

Faites vivre vos paroisses !

Newsletter du SNEJV