Théologie de la vocation par Mgr Aveline
Dans le cadre de la préparation du synode sur “les jeunes, la foi et le discernement des vocations”, Mgr Jean-Marc Aveline, évêque auxiliaire de Marseille, a proposé quelques réflexions théologiques et pastorales issues entre autres de son expérience Marseillaise.
Une intervention reprise sous forme de fiche à l’occasion de la 56ème journée mondiale de prière pour les vocations (JMV).
Avant toute chose, la vocation est par essence celle d’une vie, et chaque personne a la responsabilité de discerner ce que Dieu l’appelle à être et à faire, en étant conscient que toute vocation a pleinement sa richesse. De plus, un lien étroit existe entre le mot vocation et un appel venant de Dieu, une Parole qui passe à la fois par des mots et par des actes. Et c’est la « foi » qui désignera la réponse de l’homme à la « révélation » de Dieu.
Désirer comprendre comment il est possible de répondre à l’appel de Dieu, invite donc à s’interroger sur ce qu’est un acte de foi. Cela se vit en quatre temps : accueillir la Parole (Mc 4, 20), l’écouter (Col 1, 5), la garder (Lc 8, 15), et enfin la mettre en pratique (Jc 1, 21). Une vocation est donc quelque chose qui se déploie dans le temps et qu’on comprendra vraiment qu’à la fin, quand nous relirons toute notre vie avec Dieu. Or ce chemin se fait dans un contexte particulier : Ce que nous sommes, ce que nous avons reçu sans l’avoir choisi (notre destin) et ensuite ces appels et attraits que nous percevons et qui nous poussent à nous engager, à agir en lien avec la Promesse de Dieu qui veut donner à son peuple « un avenir et une espérance. » « Or, tisser les fils du destin avec ceux de la Promesse c’est, au jour le jour, le patient labeur d’une vocation, le subtil et passionnant accord de la grâce et de la liberté. » On n’a pas une vocation, comme si c’était quelque chose de statique et défini une fois pour toutes. On donne forme chaque jour notre réponse à un appel qu’on a perçu et que l’on transforme en réalité concrète par un choix cohérent qui peut être solennellement exprimé de façon liturgique (sacrement du mariage, ordination, vœux, etc.), mais qui est à traduire de multiples fois au fil de notre existence.
Pour se mettre en route, le pape François suggère de regarder Marie : c’est toujours dans le concret que l’on discerne sa vocation (par ex. le désir de se mettre au service des autres). Et comme Marie, il faut accepter d’avoir été choisi pour donner corps à un appel qui m’est adressé et à personne d’autre. Cet appel est lié à mon histoire et à la promesse chaque fois unique, spécifique qui est faite à chacun. L’appel de Dieu nous prend tels que nous sommes et nous invite à développer notre humanité, plus encore que nous ne saurions l’espérer.
Pour discerner cet appel, quatre critères peuvent nous aider :
Relire sa propre histoire, dans la prière, en nous faisant accompagner dans cette relecture car « c’est en racontant ce que l’on vit que l’on comprend mieux qui l’on est ».
Situer sa propre réponse dans la réponse de l’Église à l’appel de Dieu. Car la vocation de l’Église est d’être au service de la relation d’amour que Dieu veut offrir au monde… C’est dans cette dynamique que je suis appelé à choisir ma vocation, quelle qu’elle soit, sachant qu’aucune vocation n’est plus grande qu’une autre et aucune ne peut vivre sans les autres. Je suis appelé par Dieu à jouer ma partition dans la grande symphonie de la mission de l’Église.
Chercher le bonheur, le vrai, pas celui qui n’est qu’apparence de surface ou exaltation passagère. On sait qu’on a fait un bon choix quand il nous rend profondément heureux. D’un bonheur profond que nul ne peut nous ravir.
Faire confiance au Seigneur : s’attacher à Jésus Christ, le fréquenter dans la prière, méditer sa Parole, cheminer en Église avec les frères et les sœurs qu’il nous donne, partager son corps et son sang dans le sacrement de l’eucharistie, l’accueillir dans le service des pauvres et des petits, se laisser relever, pardonner et aimer dans le sacrement de la réconciliation.
4 Pistes de réflexion pour un groupe de travail
1. Relire sa propre histoire : Quels furent les grands moments de mon histoire, les lieux charnières, les premiers choix (même modestes) que j’ai eu à poser. Existe-t-il une personne ou un groupe qui est ou fut pour moi l’occasion de relire ma vie, avec bienveillance pour y voir les bontés de Dieu et les défis à vivre ?
2. Les partitions à jouer : Mgr Jean-Marc Aveline souligne que le terme vocation est une réponse à un appel qui s’ancre dans une vie concrète, reçue (cf. le destin) et une promesse de vie et de bonheur que me fait Dieu. Quelles sont les ‘partitions à jouer’ dans la grande symphonie de la mission de l’Église ? Qu’est-ce-qui m’attire dans chacune d’elle ? Laquelle m’attire davantage ? Quels défis me semblent des appels pour l’Église?
3. La joie, le bonheur, la paix intérieure… sont des critères sûrs de vie selon l’Esprit. A quels moments ai-je pu ressentir de tels sentiments ? Auprès de quelles personnes ? Dans quelles circonstances ? Ce sont là encore des lieux qui sont autant d’appels pour ma vie.
4. Quels sont mes lieux ressources ? Comment se manifeste mon attachement au Christ ? (Groupes de prière, scoutisme, fraternité avec les plus démunis, art, etc.) Quelle place ont les sacrements (notamment eucharistie, réconciliation) sur mon chemin de chrétien ? Vers qui me tourner pour échanger sur une question de vocation (mariage, sacerdoce, vie religieuse, engagement spécifique, etc.) ?
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Fiche n°2 – Théologie de la vocation