« Accompagnement des jeunes et vocation : vers le Synode 2018 » – Extraits de l’intervention du cardinal Lorenzo Baldisseri au Symposium de Barcelone
« Accompagnement des jeunes et vocation : vers le Synode 2018 » – Extraits de l’intervention du cardinal Lorenzo Baldisseri au Symposium de Barcelone
Le cardinal Lorenzo Baldisseri, secrétaire général du Synode des évêques, était présent au Symposium organisé à Barcelone par le CCEE du 28 au 31 mars 2017, autour du thème: « ‘Il cheminait avec eux’ (Lc, 24,15). Accompagner les jeunes à répondre librement à l’appel du Christ ».
Le prélat a prononcé un discours dont vous trouverez ci-après le plan et les passages essentiels. Le sujet de cette intervention était le suivant: «Accompagnement des jeunes et vocation: vers le Synode 2018.»
1.Un synode sur «les jeunes, la foi et le discernement vocationnel» avec une perspective clairement vocationnelle.
Par ce synode, qui se tiendra à Rome en octobre 2018, il s’agit d’abord «de s’interroger, en tant qu’Eglise, sur la vie réelle des jeunes d’aujourd’hui, qui vivent à une époque pleine de défis fatigants et riche d’opportunités importantes, en portant une attention particulière à leur recherche de sens et à leur expérience de la foi.»
Ainsi, l’Eglise «désire habiliter chaque jeune à prendre conscience que ‘Je suis une mission sur cette terre, et pour cela je suis dans ce monde’ (Evangelii Gaudium, 273)», d’où la nécessité de «faire la lumière sur sa propre vocation spécifique, au moyen du discernement et à travers l’accompagnement».
«La perspective générale du Synode est donc clairement ‘vocationnelle’», souligne le cardinal Baldisseri.
2.Le processus synodal et ses différentes étapes, une marche ensemble à l’écoute de l’Esprit
Vivre un synode en Eglise, quelle signification pour chacun de nous? «Nous mettre en mouvement, en abandonnant nos sécurités présumées pour marcher, en laissant le Seigneur, à travers son Esprit, nous conduire là où Il le désire.» Pour porter du fruit, ce chemin doit «être ordonné et synergique». D’où plusieurs étapes:
– La rédaction et la publication du Document Préparatoire, lequel vise à «interpeller, interroger, chercher à faire émerger la situation telle qu’elle est», ainsi qu’à «aider tous et chacun à réfléchir en profondeur.» «Lire ce texte en cherchant des réponses pastorales, des stratégies opérationnelles ou des solutions immédiates signifierait se tromper d’approche», prévient le cardinal.
– La compilation des réponses au questionnaire situé à la fin du Document Préparatoire, opérée «jusqu’à la fin du mois d’octobre [2017]. Celle-ci interpelle et concerne toutes les composantes de l’Eglise». Cette étape est «un authentique moment d’écoute et de discernement ecclésial sur les thèmes synodaux, guidé par la sage règle selon laquelle ‘le temps est supérieur à l’espace’ (EG, 222-225)». On peut utiliser une image: «Les réponses qui parviendront à la Secrétairerie du Synode sont comme la pointe d’un iceberg qui a besoin, pour tenir, d’un laborieux effort de confrontation, d’approfondissement et de partage intra et extra ecclésial. »
– Cette synthèse des réponses permettra au Secrétariat du Synode de rédiger l’Instrumentum Laboris (l’instrument de travail), que les pères synodaux utiliseront comme «base de la discussion et de la confrontation» en octobre 2018.
– Puis le «résultat des travaux synodaux sera remis au Saint-Père». D’une façon générale, les fruits d’un travail synodal «expriment la volonté de marcher ensemble, affirment clairement que ‘l’unité prévaut sur le conflit’ (EG, 226-230)». Pendant cette étape, « ‘le tout est supérieur aux parties’ (EG, 234-237)», car il faut «penser avec un regard large et global pour pouvoir agir de façon adéquate au niveau local».
– Enfin, on entrera dans «la phase de la réception ecclésiale, c’est-à-dire de la traduction concrète, dans les réalités éducatives et pastorales, des indications qui seront données.» Grâce à l’Exhortation que le Pape rédigera, tous pourront avoir la certitude de tenir «une carte adaptée et mise à jour», rendant possible «la fascinante et risquée navigation dans la mer ouverte de l’univers des jeunes».
3.Les trois pivots du Document Préparatoire
Trois clés de lecture pour lire le DP:
– L’ «invitation au discernement»
– Le «véritable focus synodal, qui est la vocation»
– L’«accompagnement»
4.La spécificité du continent européen
A la fin du questionnaire du Document Préparatoire, des questions spécifiques, par continent, sont proposées. Chacune d’elle est rattachée à un extrait du DP. On peut aussi ajouter quelques explications.
Concernant l’Europe:
– La première question renvoie à «trois capacités typiquement ‘européennes’, qui ont aujourd’hui besoin d’être redécouvertes: ‘La capacité d’intégrer, la capacité de dialoguer et la capacité de générer’». En effet, la «crise démographique» que traverse l’Europe et le «défi des migrations interpellent plus que jamais notre capacité d’accueil de la vie, de dialogue et d’intégration. Redonner confiance et espérance à nos jeunes signifie recommencer à rêver avec eux, en partant de la bonne mémoire de l’Europe.»
– La deuxième question fait référence aux paroles du Pape François, selon qui dans la société actuelle, le jeunisme est partout présent mais ne permet pas de donner une place aux jeunes pour s’intégrer. (cf. Homélie du 31/12/2016)
On peut alors rappeler la «tentation croissante de parcourir les routes du terrorisme et du fondamentalisme», qui trouve chez les «jeunes européens un terrain fertile». Car «sans une perspective et un sens, la vie, la sienne ou celle des autres, perd toute valeur. Il s’agit alors de prendre conscience du fait que, face aux jeunes, nous avons une véritable dette: ‘plus que responsabilité, la parole juste est dette, oui, la dette que nous avons envers eux.’»
– La troisième question trouve quelques clés de lecture dans le DP, notamment lorsque sont rappelées les caractéristiques d’un adulte pouvant être un repère pour le jeune. (cf. DP. 2. Sujets, «les figures de référence»)
5.Marchons ensemble dans une écoute véritable des jeunes!
C’est ce à quoi nous appelle un Synode! Et pour marcher ensemble, quatre points prioritaires doivent être suivis :
– «Que le Synode soit réellement un Synode! Que tous se sentent interpellés, qu’ils puissent manifester leurs convictions, qu’ils soient heureux de partager leurs expériences et de proposer des solutions. Bien sûr, il faut que tout cela se passe de façon positive et constructive.»
– «Qu’il y ait une écoute authentique du monde des jeunes! […] Tous doivent se sentir impliqués dans le devoir créatif d’écouter les jeunes qui vivent sur nos territoires respectifs […] Ne perdons pas cette occasion unique et privilégiée!»
Le questionnaire (bientôt) en ligne, à destination des jeunes, a pour but de «favoriser leur participation au chemin synodal, […] de renforcer l’engagement commun d’écoute des jeunes, non pas de s’y substituer ni de le réduire. Nous cherchons simplement à vous épauler pour atteindre le plus grand nombre possible de jeunes dans les différentes parties du monde, avec quelques questions qui peuvent toucher plus immédiatement» leur vie, explique le cardinal Baldisseri.
– «Que l’Eglise se mette loyalement à discuter! Dans son action pastorale avec les jeunes, en vérifiant ce qui va et ce qui ne va pas, en cherchant des voies nouvelles».
– «Au long de ce parcours, le Saint-Père nous encourage à rêver! Il nous invite à prophétiser et à risquer, à la lumière de l’Esprit, des sentiers nouveaux.»
En conclusion, le Secrétaire Général du Synode affirme qu’ «il n’y a rien de prédéterminé ou de ‘déjà décidé’ dans le parcours synodal», «tout dépend de ce qui émergera des travaux des Conférences épiscopales, et, toutes proportions gardées, du questionnaire on-line». Il note également que les «Conférences épiscopales sont déjà en train de s’organiser de différentes manières, par diverses initiatives, en rassemblant des données et en consultant tous et chacun».
La stratégie adoptée en amont du Synode d’octobre 2018 «permet à tout organisme non seulement de rassembler des données, mais aussi de les réélaborer avec intelligence et sagesse, en offrant ainsi une contribution récapitulative de qualité», conclut le cardinal Baldisseri.