Les instituts séculiers… en quelques questions et réponses

Nous avons demandé à une personne responsable d’un institut séculier de nous présenter brièvement la vocation des instituts séculiers, reconnus officiellement en 1947.

    1. Vie en communauté
    2. Célibat et vie familiale
    3. Style de vie
    4. Professions, métiers
    5. Quand vient l’âge
    6. Vœux
    7. Place de la prière
    8. Office
    9. Autres engagements
    10. Secret et discrétion
    11. « Image » : le sel
    12. Chrétiens comme les autres
    13. Formation
    14. Autres précisions


1. Vous vivez en communauté ?
Non, pas au sens où l’entendent les religieux (ses). Si des membres d’instituts séculiers vivent parfois sous un même toit, c’est comme le feraient d’autres personnes laïques (pour partager des frais de loyer, par exemple).
Mais la plupart du temps, les membres d’IS vivent seuls, assumant les même charges et les même solidarités que toute autre personne (en famille par ex.)

2. Vous êtes célibataires, et pourtant vous parlez de vie familiale ?
Oui, bien sûr. Il n’est pas rare d’avoir la charge de parents âgés. Telle personne a recueilli et élevé, comme une mère de famille, ses jeunes neveux orphelins. Telle autre vit avec son frère handicapé ; une autre encore avec son beau-frère, veuf sans enfants. De toute façon, nous gardons des relations familiales normales, nous aimons inviter, participer aux fêtes de famille.

3. Quel est votre style de vie ?
Simple, mais conforme à notre milieu familial, social… L’habitat, l’habillement, les relations d’un médecin ou d’une employée de maison ne sont pas les mêmes. Aucune situation n’est incompatible avec un engagement en IS.

4. Quelles professions ont les membres d’institut séculier ?
Nous gardons celle que nous avions avant d’entrer dans l’Institut.
Par exemple :

  • professeur, en école primaire, en faculté, en classe spécialisée (sourds),
  • assistante sociale,
  • infirmière, sage-femme, médecin,
  • couturière,cuisinière, employée de maison,
  • inspecteur des impôts,
  • services administratifs, commerce, hôtellerie… Rien n’est exclu.

5. Vous n’avez pas de maison commune, alors qui vous prendra en charge quand vous serez âgée ?
Comme toute autre femme laïque célibataire, nous rejoindrons une maison de retraite ou quelquefois la famille. Par exemple : une personne est prise en charge par une nièce dont elle avait beaucoup aidé les parents âgés, autrefois.

6. Vous faites des vœux ?
Toute vie consacrée est un engagement à vivre les conseils évangéliques : nous l’exprimons par des vœux, des promesses ou d’autres formes d’engagement.
Nous nous engageons à :

  • la chasteté dans le célibat,
  • la pauvreté et l’obéissance, vécues de manière séculière.

Nous ne les vivons pas à la manière des religieuses et religieux.

C’est-à-dire ?

  • pauvreté : Tout en restant propriétaire de mes biens, je cherche à « gérer » ce que je possède dans un esprit de justice, de partage. Cela concerne autant mes « biens » spirituels, intellectuels… que mes biens matériels.
  • obéissance : Je renonce à conduire ma vie toute seule. Je cherche une aide pour le discernement (auprès de l’Institut, mais aussi de toute personne apte à me donner un éclairage). Je demande cette aide avant une décision importante (ex. poser une démission-contestation dans un établissement où je travaille depuis 25 ans). Mais il y a aussi des imprévus qui demandent une réponse immédiate (accueillir chez moi ma sœur au chômage, sans logement, et son fils). Là, il n’y a pas d’hésitation : « Viens. » Mais ensuite je chercherai, en Institut, comment vivre évangéliquement cette situation nouvelle (vivre à 3 alors que je vivais seule).

D’une manière habituelle, la révision de vie, en équipe, m’aide à vérifier la conformité de ma vie à l’Evangile et au charisme de l’Institut.

7. Quelle place donnez-vous à la prière ?
Des « temps » sont nécessaires pour rejoindre le Seigneur : oraison, eucharistie, lecture spirituelle sont des exigences fortes. Mais le moment choisi pour la prière, le rythme sont forcément souples, adaptés aux horaires de la vie de chacune.
Là encore, la « vérification » avec une tierce personne évite caprice et fantaisie.

8. Vous priez la Liturgie des Heures tous les jours ?
Nous aimons cette prière d’Eglise. Nous pouvons la prier individuellement ou ensemble lors de nos réunions, mais ce n’est pas une règle absolue.

9. Votre engagement en institut séculier est-il compatible avec d’autres engagements ?
Oui, bien sûr, à condition de garder un juste équilibre de vie, à condition que trop d’engagements n’empêchent pas, de façon habituelle, la vie de prière, ni la participation aux rencontres fraternelles de l’Institut (week-ends, retraites…)

Quelques exemples d’engagements assumés :

  • conseil syndical de l’immeuble,
  • animation de fêtes de quartier, conseil municipal,
  • alphabétisation, engagement politique ou syndical,
  • catéchèse en paroisse, mouvements de jeunes ou d’adultes,
  • centre œcuménique « d’écoute et de rencontre », visiteuse de prison,
  • activités de loisirs et de détente.

A tout âge, nous gardons le souci de contribuer à bâtir avec d’autres un peu plus de fraternité et de solidarité. Ainsi, des personnes de plus de 85 ans ont organisé dans leurs maisons de retraite un jeu de domino, un club de conversation pour créer des liens entre les résidents.

10. Pourquoi gardez-vous secret votre engagement en institut séculier ?
Je ne dirai pas « secret », mais « discret ». Il n’est pas toujours opportun de faire connaître cette appartenance. A chacune de la révéler « à bon escient », à qui et quand elle peut le faire. L’important, c’est que l’Evangile soit annoncé par notre vie.
Un engagement civique ou politique, un poste d’enseignant demandent la « neutralité ». Par exemple, dans une commission municipale, quelqu’un dit devant une opinion émise : « Tu vas jusque là ? » – « Oui, je vais jusque là parce que je suis chrétienne. »
L’interlocuteur ne pouvait comprendre autre chose.

11. Y a-t-il des « images » qui pourraient exprimer ce que sont les instituts séculiers ?
Oui, le sel par exemple. Il ne se distingue pas de l’aliment auquel il est incorporé, mais il en relève la saveur propre.
Dans son milieu de vie, le membre d’institut séculier n’est pas connu comme tel (il agit à titre personnel, pas au nom de son institut). Son rôle est de faire émerger et développer les valeurs cachées au sein de l’activité humaine.

12. « Chrétiens comme les autres » dites-vous. Mais alors, à quoi bon l’institut séculier ?
C’est vrai. Peut-être que rien ne change apparemment. Mais il y a eu la conscience d’un appel particulier à vivre à fond son baptême et la volonté d’y répondre par un engagement ferme et définitif, avec le soutien d’un groupe authentifié par l’Eglise.

13. Faut-il une formation spéciale pour entrer dans un institut séculier ?
Un temps de connaissance mutuelle entre la personne et l’Institut est d’abord nécessaire pour vérifier si c’est bien la forme de vocation qui correspond à la personne. Vient ensuite une formation qui se fait sans coupure avec la vie ordinaire, une formation « sur le tas » pourrait-on dire, à partir du vécu.
Formation :

  • à une vie de prière « séculière »,
  • à la pratique des conseils évangéliques dans la vie de laïc,
  • à la connaissance du charisme propre de l’Institut.

Sans compter ce qui aide à la maturation de la personne humaine.
Chaque Institut possède des « Constitutions » (règle de vie) qui précisent concrètement la réponse à donner à l’appel.
A ma connaissance, un seul institut séculier en France demande une longue coupure pour la formation qui est alors donnée dans une « maison commune » de l’Institut.

14. Autres précisions
Il existe des instituts séculiers pour les femmes, d’autres pour les hommes, laïcs ou prêtres.
Des IS sont ouverts particulièrement aux personnes handicapées ou malades.
D’autres accueillent ces personnes parmi leurs membres valides.

– Pour des renseignements complémentaires, on peut consulter le site http://instituts-seculiers.cef.fr ou s’adresser au SNEJV.

Le Synode sur la synodalité

Le Service civique dans l'Eglise

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