Passion de Dieu, passion des hommes

Marie

Au cours du premier pèlerinage européen des Instituts séculiers, qui avait pour thème « Passion de Dieu, passion des hommes », Mgr Cattenoz a donné une conférence sur les trois voeux évangéliques, en suivant au fil de la Bible Marie et Joseph. Nous publions ici l’introduction de sa conférence et un passage sur l’obéissance.

“Comment vivre passionné de Dieu dans un monde sécularisé où le religieux est trop souvent relégué dans la sphère du privé ? Comment vivre passionné des hommes dans un monde où le relativisme est devenu une règle de vie acceptée de tous ? Comment vivre dans un monde où l’Église apparaît bien souvent comme une vieille dame sans avenir ? Autant de questions sans réponse pour nous, nous vivons au jour le jour sans nous interroger sur un avenir que nous percevons incertain.

[… Que Marie ait choisi Joseph pour époux nous en dit long sur la sainteté qu’elle percevait en lui, grâce à son immaculée conception, elle sentait mystérieusement en lui les profondeurs d’un amour parfaitement pur. Quant à Joseph, il fallait qu’il découvre en Marie des abîmes de pureté et de sainteté pour la choisir comme épouse. Et il ne se lasse pas d’être là, en silence, sa sainteté découle de cette proximité avec Jésus et Marie.

Toute la vie de Joseph est là, dans l’humilité. Il obéit en silence, il accueille dans la foi les ordres qui lui sont donnés par Dieu et il obéit immédiatement, sans poser de question, puis il s’efface et demeure dans le silence. Il a été le serviteur qui disparaît quand sa tâche est terminée ; le dernier devoir qui lui reste est de disparaître, de s’effacer. En ce domaine, il est pour nous tous un modèle.

Marie, toute joyeuse, vous invite à prendre Joseph comme modèle d’obéissance, de pauvreté et de chasteté : Comment ne pas être émerveillé de la manière dont il les a vécues ! Marie voudrait vous donner de redécouvrir avec Joseph la profondeur des conseils évangéliques pour vous. Bien qu’ils soient communs à toutes les formes de vie consacrée, ils acquièrent pour vous une signification particulière.

L’obéissance est le premier des vœux car il atteint notre volonté. Saint Joseph est un modèle parfait d’obéissance. Son obéissance, il la vit dans une entière confiance en Dieu, elle est une obéissance surnaturelle, héroïque. Dans le silence, climat habituel de son âme, son obéissance est immédiate, dans la nuit de la foi et elle est le modèle de ce que doit être la nôtre. Joseph obéit toujours immédiatement dans la certitude que l’accomplissement du devoir d’état l’unit à la volonté de Dieu. Pour nous aussi, notre devoir quotidien est le lieu le plus habituel de notre obéissance et du don de soi qu’il exprime. Marie voudrait continuer à nous parler de l’obéissance : « Quand j’y pense, mon regard rejoint immédiatement Jésus. Quand je le portais dans mon sein, sans que je le sache – je l’ai compris beaucoup plus tard en lisant la lettre aux Hébreux -, il ne cessait de murmurer ces mots qui habitaient son cœur : “Tu n’as voulu ni sacrifice, ni holocauste, alors j’ai dit : Voici, ô Père, je viens pour faire ta volonté”. Son unique désir tout au long de sa vie a été de faire la volonté du Père.

Il nous l’a dit quand nous l’avons retrouvé dans le Temple après deux jours d’angoisse et de vaines recherches. Il s’est contenté de dire : “Ne saviez-vous pas que je me dois aux affaires de mon Père”. Je le revois aussi, fatigué, au bord du puits de Jacob après que la Samaritaine soit partie au village en oubliant sa corde et son seau, au moment où les disciples arrivaient après avoir été au village acheter de la nourriture. Il leur dit : “J’ai à manger une nourriture que vous ne connaissez pas, ma nourriture est de faire la volonté de mon Père.” Et au jardin des Oliviers, alors que nous venions de chanter les psaumes, j’étais là en retrait au moment où, après avoir dit que son âme était triste à en mourir et être tombé à terre, il commença à prier : “Abba ! Tout t’est possible : éloigne de moi cette coupe ; pourtant pas ce que je veux mais ce que tu veux !” Dans sa souffrance, au moment où lui, l’agneau de Dieu, il portait le péché du monde – il s’était chargé de nos infirmités, il avait pris sur lui toutes nos maladies – tout à la fois il laisse éclater l’intimité qui l’unit au Père : “Abba, Papa !” Et en même temps il laisse apparaître son désir d’unir son vouloir à celui du Père : “Non pas ce que je veux, mais ce que tu veux” ».

Pour nous aussi, l’union de volonté est une nécessité vitale si nous voulons nous unir à celui qui vivait parfaitement uni à son Père : « Le Père et moi nous sommes un ! ». L’union de volonté marque même une étape cruciale de notre cheminement spirituel. D’ailleurs, quand Thérèse d’Avila se demande pourquoi si peu de gens entrent dans les profondeurs de l’union à Dieu, elle répond fort justement en disant : « Il leur manque un brin de folie pour abandonner leur volonté propre et s’en remettre totalement à Dieu. » Unir votre volonté à celle de Jésus reste la grande affaire de votre vie : apprendre à vivre au rythme de Dieu pour devenir signe et moyen de sa présence au cœur de notre monde d’aujourd’hui, telle est votre vocation. Rappelez-vous comment le Concile Vatican II dans “Lumen Gentium” et dans “Gaudium et Spes” a souligné combien la mission de tous les baptisés est d’être présence du Christ dans le monde. Or vous qui êtes consacrés au cœur du monde, vous devez vivre et rayonner cette présence du Ressuscité dans votre vie.

Vous qui êtes présents dans le monde pour y vivre une authentique consécration, vous avez à vivre en plénitude, et au titre même de votre consécration séculière, la mission confiée aux baptisés. Par vous et grâce à vous, les hommes et les femmes d’aujourd’hui entendront le message de Pâques : « Jésus est vivant, il vous précède dans votre vie quotidienne, c’est là que vous le rencontrerez ». Ce message, vous devrez être les premiers à en vivre et à en témoigner dans votre vie quotidienne par tout votre être de consacré.

En réalité, l’obéissance est une vertu merveilleuse. Elle vous donne la certitude de faire la volonté de Dieu, alors que la désobéissance, d’une manière ou d’une autre aux ordres ou aux directives données par vos supérieurs légitimes, vous donne la certitude de faire votre volonté propre et cela est dramatique car votre fécondité sera alors purement humaine. L’obéissance est vraiment le moyen merveilleux de s’unir à Dieu en permanence.”

Mgr Jean-Pierre Cattenoz Évêque d’Avignon

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