Discours du Pape devant les jeunes italiens en service civique
Chers frères et sœurs, bonjour,
Je suis content de cette rencontre, à quinze ans de la promulgation de la loi qui a institué en Italie le Service civil national. Je salue le Ministre, le Sous-Secrétaire et les autres personnalités institutionnelles, aussi bien que les responsables des Agences de promotion des projets et les opérateurs qui les suivent.
Mes salutations vont avant tout à vous, chers jeunes, vous qui avez choisi de consacrer une partie de votre temps et de votre vie à un projet de volontariat et de promotion sociale. La gratuité du volontariat, même pour un temps déterminé, représente une richesse non seulement pour la société et pour ceux qui jouissent de vos actions, mais aussi pour vous mêmes et pour votre maturité humaine.
Vous êtes une force précieuse, une force dynamique du pays : votre contribution est indispensable pour réaliser le bien de la société, en tenant compte plus spécialement des sujets les plus faibles. Le projet d’une société solidaire constitue l’objectif de toute communauté civile qui voudrait être égalitaire et fraternelle. Il est trahi chaque fois que l’on assiste passivement à l’augmentation des inégalités entre les différentes classes sociales ou entre les nations du monde ; quand on diminue l’assistance aux couches les plus faibles sans que soient garanties d’autres formes de protection ; quand on accentue les logiques dangereuses de réarmement et qu’on investit de précieuses ressources pour l’acquisition d’armements – c’est la vraie plaie de notre temps – ; ou encore quand le pauvre devient un danger et au lieu de lui tendre la main on le relègue dans sa misère.
Toutes ces attitudes représentent une plaie dans notre société et sa culture, intégrant en elle des critères et pratiques accoutumées à l’indifférence et à l’oppression, qui rendent plus pauvres la vie non seulement de celui qui est oublié ou discriminé, mais aussi de celui qui oublie ou discrimine, lequel finit par rester fermé en lui même, s’excluant de la rencontre avec la chair des frères, qui est la voie obligatoire pour trouver le bien. Par l’intermédiaire de votre service, vous êtes appelés à développer une fonction critique de défi à ces perspectives contraires à l’homme, une fonction prophétique qui montre combien il est possible d’agir d’une manière différente.
Parmi les différents champs d’intervention des projets de Service civil, la protection de l’environnement mérite d’être particulièrement mise en relief, en prenant en compte le critère d’une écologie humaine, qui nous permet de reconnaître le lien étroit entre le soin de l’environnement et celui de l’homme et comprend les graves conséquences de la dégradation de l’environnement sur la vie des personnes, en particulier des plus pauvres. Un autre lieu d’action qui doit nous être particulièrement à cœur concerne l’aide aux réfugiés et aux migrants, lesquels demandent à être secourus et intégrés dans le tissus social. L’Italie est de manière louable engagée dans cette œuvre – c’est un exemple ! Dans l’appréciation de tout cela, j’exhorte à poursuivre avec courage aussi bien sur le plan de l’accueil concret que sur celui de la sensibilisation et d’une véritable intégration. Merci pour tout ce que fait l’Italie.
Également tous les autres projets d’éducation et d’assistance de Service civil italien méritent une considération particulière, avec les différents modes avec lesquels on accompagne les enfants, jeunes, personnes handicapées, marginalisées et ayant besoin d’aide. En ce moment, un engagement extraordinaire est demandé pour les populations atteintes par le tremblement de terre, pour lesquelles je renouvelle ma proximité et mes encouragements. Que toutes ces réalités deviennent pour vous des occasions de grandir humainement et de partage d’expériences, de connaissances et de sensibilités.
Chers jeunes, je vous souhaite de suivre la voie qui donne la pleine signification et la joie à votre vie. Cette voie n’est pas la même pour tout le monde, mais chacun peut trouver celle qui est la plus adaptée à sa personnalité, à ses dons, à sa situation. Il y a cependant des coordonnées communes, au delà desquelles il n’est pas possible de la trouver, et l’une des ces coordonnées est justement celle du service. Certainement la route du service va à contre courant par rapport au modèle dominant, mais, en réalité chacun de nous ne peut se sentir satisfait et réalisé que quand il est utile à quelqu’un. Ceci délivre en nous des énergies nouvelles, cela nous fait percevoir que nous ne sommes pas seuls et élargit nos horizons. Je vous invite à marcher sur cette route du service et à prendre Jésus comme modèle parfait d’humanité, lui qui en lui-même a fait de la place pour les autres jusqu’à donner sa vie.
Aux institutions que je remercie pour leur œuvre en faveur des jeunes engagés dans l’année de service volontaire, je demande d’être toujours plus promotrices d’un vrai esprit solidaire dans la population. Qu’une telle sensibilité devienne toujours moins spontanée et plus structurelle, jusqu’à en imprégner toute l’action des différents sujets publics et privés. En effet, le degré de civilisation d’un peuple se mesure sur la base de sa capacité à respecter et à promouvoir les droits de chaque personne, en partant des plus faibles.
Je vous remercie de cette rencontre. J’invoque sur vous et sur vos projets la bénédiction du Seigneur afin qu’il vous aide toujours de manière audacieuse et désintéressée, en regardant loin vers les horizons de l’espérance. Et, s’il vous plaît, priez aussi pour moi. Merci.
FRANCISCUS
Rome, le 26 novembre 2016
(Traduction de Zénit, Hugues de Warren)