Carlo Acutis : un modèle pour les jeunes d’aujourd’hui
« Madame, votre fils est spécial ». Cette phrase, Antonia Acutis, l’a entendue d’innombrables fois : le curé de la paroisse, les enseignants et les camarades de classe de Carlo, Rajesh, l’employé hindou qui va se convertir au catholicisme, le concierge de l’immeuble où ils avaient emménagé en 1994 à Milan, tous lui ont dit.
« Spécial », mais pourquoi donc? Carlo aurait-il un truc, une particularité, quelque chose qui le distingue des autres ? Non, le secret de Carlo porte un nom : il s’appelle Jésus. A partir du moment où il fait sa première communion, Jésus devient l’Ami avec un grand A. Et pour toujours. Carlo, passionné par les nouvelles technologies sera un des premiers à utiliser Internet pour transmettre sa foi. Carlo, c’est le geek de Jésus, le cyber-apôtre, celui qui, en seulement 15 ans nous laisse l’exemple d’une existence remplie, plus remplie que celle de nombreux nonagénaires. Car à 15 ans, en 2006, Carlo Acutis est terrassé par une leucémie foudroyante. Très vite sa réputation de sainteté se répand, à tel point qu’en juillet 2018, il est déclaré vénérable. En cette année 2020, ce garçon très « spécial » a été déclaré bienheureux par le pape François.
Carlo Acutis, missionnaire 2.0
C’était un garçon de son temps. Il aimait les Pokémon, la play station et les jeux vidéo. Et il sera bientôt déclaré bienheureux. Qui est ce jeune Carlo, mort prématurément à 15 ans que le pape François veut aujourd’hui nous donner pour modèle ? Dans sa lettre apostolique, destinée aux jeunes « Christus Vivit » le pape parle de ce monde numérique qui « peut exposer au risque du repli sur soi, de l’isolement, ou du plaisir vide » Mais il y a une autre voie qui consiste non pas à rejeter les outils modernes mais apprendre à les utiliser pour le Bien, pour transmettre la beauté de l’Evangile. « Il y a des jeunes qui sont créatifs, et parfois géniaux, dans ce domaine. C’est ce que faisait le jeune Carlo Acutis » conclut le pape François. Comme le dit avec enthousiasme le père Will Conquer, prêtre des Missions étrangères, « On peut entrer au ciel avec un portable à la main !».
Enthousiaste, débordant d’énergie, Carlo l’était vraiment. Petit génie d’internet, surdoué de l’informatique, il va créer un site web pour sa paroisse, un autre pour son collège, réaliser toutes sortes de vidéos souvent très drôles. Nous sommes dans les années 2000, la révolution numérique a commencé. You tube, Facebook et les réseaux sociaux n’existent pas encore, mais Carlo se lance avec passion dans l’exploration de ce nouveau continent. Toujours dans le même but : faire connaitre l’extraordinaire amour dont nous sommes aimés. Toute sa courte vie, il brûlera de cette flamme missionnaire.
Pourtant ce jeune italien qui a choisi la sainteté comme programme de vie a semble-t-il une vie très ordinaire. Né à Londres le 3 mai 1991, il est le fils unique d’une famille aisée, qui en 1994 revient s’installer à Milan. Carlo va à l’école, joue au foot, aime le sport, la musique. Une vie normale. Banale pourrait-on dire. Mais c’est justement dans ce quotidien que Carlo va déployer son amour et sa foi rayonnante. Il n’y a pas chez lui de manifestation surnaturelle extraordinaire. Et rien qui pourrait alimenter une légende dorée. Il s’ancre dans la réalité de tous les jours. C’est un héros du quotidien auquel nous pouvons tous ressembler. D’ailleurs, ses camarades le décrivent comme quelqu’un de très simple, capable de parler avec naturel à tout le monde, sa famille, ses voisins, les gardiens d’immeuble qu’il croise sur son chemin où les clochards rencontrés dans la rue. Parmi les petites phrases qui nous sont restées de lui, il y a celle-ci : « Dieu est très simple, et celui qui souhaite le trouver devra se simplifier, sinon il ne le trouvera jamais. »
L’événement déterminant pour Carlo, c’est sa première communion, à 7 ans. Ce jour-là, nait en lui un amour immense de l’eucharistie. Il va en vivre désormais chaque jour et y restera fidèle jusqu’à la fin. « L’eucharistie, c’est mon autoroute pour le ciel » disait-il. Avec la fraicheur de la jeunesse, Carlo s’étonnait de voir autant de personnes faire la queue pour assister à un match de foot ou un concert de rock, et si peu de monde pour saluer le Dieu vivant. Il est comme « aspiré » par l’hôte du tabernacle. Beaucoup de gens passent des heures à se bronzer au soleil, mais si on bronzait devant le saint sacrement ? dit-il. Voilà une idée : on pourrait tous devenir saint !
Car né dans un milieu privilégié, Carlo ne vit pas pour autant dans sa bulle. Il fait des maraudes avec les frères capucins pour servir des repas chauds aux sans-abri. Et avec Rajesh, cet homme qui joue à la fois le rôle d’employé de maison, d’homme de confiance, de nounou, de compagnon de jeu, il va aussi chercher à apporter ce qu’il peut.
Rajesh. Il peut en dire long sur ce que Carlo a changé dans sa vie. Il dit lui-même « cet enfant, si petit, a été mon professeur ». Au point que Rajesh s’est converti au christianisme.
Flavio, lui, n’a pas connu Carlo directement. Il l’a rencontré un jour, par hasard sur Internet. Mais cette découverte l’a transformé, lui aussi. Aujourd’hui, Flavio s’occupe du centre Carlo Acutis, créé à Assise, une ville que Carlo aimait particulièrement et où il venait chaque été en vacances.
Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si le tombeau de Carlo se trouve aujourd’hui à Assise, dans le sanctuaire du dépouillement, lieu où saint François a tout quitté pour suivre le Christ dans sa pauvreté. Carlo était issu d’une famille riche, mais, comme François d’Assise, il a préféré le Christ à tout le reste. C’est ce qui peut attirer les jeunes d’aujourd’hui, assoiffés d’authenticité. Et toutes les informations qui circulent sur le web à propos de Carlo le montrent bien. Pour beaucoup, il est un modèle accessible, un exemple de la manière dont il est possible de vivre la foi.Les deux dernières années de sa vie, Carlo les consacrera à monter une exposition itinérante où il recense 132 miracles eucharistiques reconnus par l’Eglise catholique. Malheureusement, il ne verra jamais le fruit de son travail. La veille de l’inauguration, il tombe malade, et il est emporté en quelques jours par une leucémie foudroyante. Il meurt le 12 octobre 2006.
Le fruit, on le voit aujourd’hui. Il suffit, comme disait Carlo, de réaliser ce pour quoi, sans exception, nous sommes tous faits. « Tout le monde naît original mais beaucoup meurent comme des photocopies ».