Jésus, le Juste assassiné

Nous essayons ici de parcourir et de célébrer ce chemin de justice qui a été celui de Jésus. En même temps que sa croix, il prend sur son dos (pardonnez l’expression) toutes les injustices qu’il a rencontrées, débusquées, condamnées ; 1 restaure (il rend) la justice où on ne l’attend pas . Cela scandalise. Dès avant sa mort-résurrection, il donne la justice (le salut) à ceux qui en ont faim et soif, souvent rangés, par les faux-justes, dans le camp des exclus, des injustes, des ennemis de Dieu. Prodigieuse espérance, dont le chemin s’offre à nous !

Les mots de la théologie et de la liturgie ne sont pas simples ! Lorsque l’on dit que Jésus nous rend justes, que Jésus nous justifie, nous trouvons que c’est plus obscur que de dire « Il nous sauve », « II nous apporte le salut ». Le mot justice est pourtant un mot-clé de la révélation, comme le mot salut. Pensons à la béatitude : « Heureux ceux qui ont faim et soif de la
justice » : cette justice, avant d’être une qualité de notre vie sociale, est la ressemblance avec Dieu. Seul Dieu est juste, et Jésus nous rend justes, pleinement fils, semblables à son Père.

Matériel:

Une grande croix de bois, ou, sur panneau, le dessin d’une grande croix (deux mètres), ou la tapisserie d’Haïti L’arbre de vie , dont les symboles éclaireront la démarche ici proposée.

Fiches cartonnées 21 x 14,8 ;

feutres et marqueurs ;

petits cierges, fleurs, textes des chants.

Des exemplaires du Nouveau Testament.

Photos de la passion à projeter, ou vidéo (en choisir une séquence ou deux, pas plus de 7 à 8 minutes).

On pourra avoir préparé dans une rencontre antérieure les deuxième et troisième temps (plongée dans l’Évangile) de cette célébration : lecture et cartons.


Ouverture

Animateur : Qu’est-ce qui s’est passé cette nuit ? Au sortir du repas traditionnel de la Pâque, ce repas dont Jésus a changé tout le sens (comment ? pourquoi ? expliquer, ou faire s’exprimer…), y a la sortie dans la nuit, Gethsémani, l’arrestation par Judas et les gardes du temple…

Retrouver les épisodes : tribunaux des grands-prêtres et de Pilate, Barabbas, tortures, chemin de croix, etc. Dix ou douze diapos visualiseront ces divers moments ; ou alors recourir à une vidéo, en sachant que l’on ne peut pas en parcourir dix ou douze séquences différentes. On peut lire (Malle aux trésors) le texte Un cadeau empoisonné.

Un premier temps ; Jésus, le Juste assassiné

Lecteur : Voici comment Luc (23, 32-47) raconte les derniers moments de l’existence de Jésus.

On peut avoir prévu d’amener alors la croix.

Lecture lente, méditative, avec une ou deux diapos spot sur la croix ou sur l’arbre de vie.

Nous choisissons Luc parce que son récit se termine précisément par les paroles du centurion « Vraiment, cet homme, c’était un juste ! » On y reviendra.

Un deuxième temps : Comment donc en est-on arrivé là ?

Animateur : Comment donc en est-on arrive là ? Comment s’est-elle accumulée, cette masse de rancunes, de méchancetés, de haines, d’injustices, d’instincts meurtriers ? Jésus n’aurait-il pu s’éviter cette sinistre fin ? Regardons comment, pendant les trois années de sa vie de prophète, sur les routes de Galilée et de Judée, il a parlé et agi de telle façon que ça devait mal tourner pour lui.

Les jeunes interrogent facilement. « Il n’aurait pas pu passer à côté ? Il l’a cherché ! c’est du suicide ! On peut alors évoquer des personnages tout proches : les moines de Tibhirine : ils n’avaient qu’a partir, ou cesser de recevoir de soigner et d’aider le petit peuple de l’Atlas ; ou autre domaine, le chanteur kabyle Lounés Matoub Ou M.L. King… Le choix pour eux a été clair, inexorable : se défiler et échapper à la mort, ou bien rester et résister, en provoquant sa propre mort. Est-ce de l’entêtement enfantin ? De la naïveté ? Du simple courage est-ce de la fidélité et de l’amour ? Jésus s’est trouve devant ce même choix.

Animateur : Par ce qu’il dit et ce qu’il fait, par ses prises de position et ses paraboles, Jésus provoque certains Juifs ; alors il prend tous les coups, il est bon pour se faire tuer, et il ne perd rien pour attendre ! Il prépare sa propre croix, sa propre mort. Regardons comment cela se passe.

Voici des d’événements ou des paraboles (références en pièce jointe). Nous allons y chercher (si ce n’est préparé) comment Jésus est provocant, provocateur, de quelles injustices il se fait accuser, (et pour le temps suivant, quelles justices nouvelles il instaure). Voir aussi les complots qui se dessinent en tel ou tel cas, préparant sa mort.

Ou bien, par groupes de deux ou trois, les jeunes lisent un des textes ;

sur un carton rouge, en trois ou cinq mots, ils écrivent l’injustice dont Jésus se fait accuser.

Ou bien, si le groupe est trop grand, ou s’il n’a pas l’habitude de manipuler le livre, l’animateur raconte deux paraboles et deux événements, et le groupe décide ensemble que soient écrites sur cartons rouges les injustices dont on accable Jésus.

On attache, ou on colle, sur (ou autour de) la croix, chaque carton rouge. Geste accompagné, chaque fois d’une lumière.

Président : Jésus, au cours de ta vie, tu as porté toutes les injustices.

La loi de Moïse était devenue étouffante ; elle tuait l’amour et la vérité

Tu as toujours protesté, au nom de l’amour et de la vérité. Et on ne te l’a pas pardonné.

Tu as débusqué et dénoncé les injustices, mais tu as semé des haines et des rancunes.

Tu as déboulonné les autorités, les faux-justes, qui avaient oublié la grande Loi de Moïse.

Toi, le Juste des justes, on t’a donc déclaré injuste ; coupable, donc condamnable.

Tu as comme dessiné, et construit, pendant trois ans, la croix, ta croix, cette croix qui est là.

Nous regardons cette croix : nous y retrouvons toute ta vie. Et nous te disons merci.

Possibilité : Et nous ? D’autres papiers rouges peuvent se remplir des injustices dont nous sommes tous porteurs : accusations, exclusions, triche, méchancetés, mensonges refus de regarder et de servir les autres… Ces papiers se mettent à côte des autres. Nous demandons pardon.

Un troisième temps : Jésus, le Juste ressuscité

Animateur : Tout en prenant les coups de l’injustice durant sa vie, Jésus a proclame une justice nouvelle, et non seulement il l’a annoncée ou souhaitée, mais il l’a instaurée, il l’a fait vivre.

Sur des cartons verts ou jaunes – fluos – les jeunes écrivent la (les) nouveauté(s) qu’apporte Jésus. Plus besoin de se mettre en petites équipes, les textes ayant été creusés dans le temps antérieur. La troisième. Colonne aidera l’animateur à orienter la phrase ou l’expression.

Ces cartons prennent place, autour de la croix, à côté du carton rouge correspondant. Geste accompagné, chaque fois, de l’apport d’une ou plusieurs fleurs épousant la forme de la croix

Président : Sur le modèle ci-dessus, une prière pour dire les résurrections dont l’Évangile est témoin : Jésus risque sa vie pour faire triompher la vie chez les autres. Des mots d’action de grâce, pour la femme appelée à vivre du nouveau, pour Zachée remis sur un chemin de justice et d’amour, pour le Temple rendu à son Père, etc. La résurrection est en route avant Pâques !

Lecteur : le dernier verset de Luc (23, 47)

Président : Jésus, le centurion te regarde. Cet étranger, cet homme d’une autre religion, celle des Romains cet homme qui ne connaissait rien à la Loi de Moïse, cet homme, il avait vu clair. Il t’a nommé le Juste. Il nous précède, il nous devance, il nous apprend à te regarder comme celui qui donne la vie nouvelle, et ouvre un monde nouveau ; tu inaugures le monde des sauvés. Merci, Jésus. Et merci centurion, toi le soldat anonyme, qui ouvres nos yeux, et vois clair avant nous.

Possibilité : Et nous ? Des papiers de même couleur peuvent se remplir des mots de nos résurrections des retrouvailles que nous avons faites, ou que nous ferons, par rapport à la vérité( mensonge), à la justice ( condamnations) au pardon ( rancunes), au service ( refus), à des engagements ( replis sur soi) Mettre ces papiers à côte des autres.

Animateur : Nous regardons cette croix, entourée de la couleur rouge de l’injustice, de la mort et du péché entourée aussi de la couleur de l’espérance : résurrection, justice, victoire.

Silence, musique, cierge pascal, cierges multiples.


Lecteur
: Un récit de résurrection, soit Luc, 24, 1-10, soit Jean, 20, 1-2 et 11-18, soit Marc, I 6, 18

Terminer par un chant

Pierre NÉVEJANS.
Etincelles n°69