Identité humaine,Identité chrétienne aujourd’hui

La question de l’identité surgit de toutes parts, qu’il s’agisse des personnes qui ont du mal à se construire, des groupes qui se crispent quand ils ne se sentent pas reconnus ou des nations comme la France qui ont le blues à l’âme.

La vie chrétienne n’échappe pas à ce genre de questionnement : une sociologue reconnue du christianisme (Danièle Hervieu-Léger) parle de « religion éclatée » et de « fin des identités religieuses héritées ».

C’ est dire que la question est très vaste et que ce dossier ne pourra en traiter que certains aspects. J’ai choisi de l’aborder sous quatre angles, tout en privilégiant autant que possible la question de l’identité personnelle.

Le premier chapitre propose une approche sociologique qui tente de suggérer pourquoi la question de l’identité est devenue si forte de nos jours. Le second chapitre propose une approche psychologique qui présente quelques paramètres aidant à comprendre comment se construit l’identité personnelle. Le troisième chapitre, à la fois philosophique et théologique, reprend l’idée d’identité narrative élaborée par Paul Ricœur et qui se révèle très féconde pour comprendre dans une démarche convergente l’identité humaine et l’identité chrétienne.

Bien entendu, ces quelques pages ne rendent pas compte de tous les aspects d’une question qui donne lieu depuis plusieurs années à une production foisonnante. J’espère qu’elles pourront cependant aider des responsables d’aumônerie à trouver quelques repères pour eux-mêmes et pour les jeunes qu’ils rencontrent.

1 – Les difficultés de l’identité aujourd’hui

Aujourd’hui, l’identité est en difficulté, comme le suggèrent quelques titres d’ouvrages ou d’articles : l’individu en quête de soi, l’individu en panne, l’individu incertain, la fatigue d’être soi, l’individu en friches, l’immaturité de la vie adulte, la confusion des rôles, les désarrois de l’individu-sujet, la crise des identités…

Ces titres renvoient à des réalités dont nous sommes les témoins dans notre entourage ou dans la vie sociale.

1.1 – Quelques éléments de la crise

La crise des identités peut se décliner de plusieurs manières. A la suite de Claude Dubar, j’en indique trois, avant d’en ajouter un quatrième.

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évolutions familiales et crises des identités sexuées

Nous connaissons les transformations que connaît la famille (divorces de plus en plus fréquents, recompositions familiales). Mais derrière ces mutations, il s’en cache d’autres sur lesquelles il faut insister :

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Avec l’accès au travail salarié qui procure l’autonomie financière, avec la maîtrise de la procréation, nous avons assisté chez les femmes à « un processus d’émancipation historique qui constitue sans doute le bouleversement majeur du XX° siècle en Occident » (C. Dubar).

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Par contre-coup, l’identité masculine est en question : les progrès de l’égalité entre les sexes ont progressivement introduit un renversement dans les statuts et les rôles des hommes. Les codes de la virilité ne fonctionnent plus comme auparavant.

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Ces mutations s’accompagnent d’incertitudes sur de nombreux points : qu’est-ce qu’être père ou mère, mari ou épouse, faut-il se marier ou pas, qu’est-ce qui est masculin ou féminin ? Tous les rapports sociaux de base sont en question.

b ) les identités professionnelles

Crise économique et dérégulations de l’emploi ont généré une crise de l’identité professionnelle : le temps où l’on travaillait à temps plein, toute sa carrière dans la même entreprise, avec la perspective de monter graduellement les échelons n’est plus la règle habituelle. Ce n’est pas sans conséquences : comment se construire dans une société du court terme ? comment entretenir des relations sociales durables ?

c) les identités symboliques

Ce titre recouvre des processus bien connus : l’individualisation et la privatisation des croyances, et donc une moindre emprise des institutions religieuses, les normes étant de plus en plus produites par les individus ; l’affaiblissement de l’identité citoyenne, avec ses nombreuses manifestations (effondrement des repères politiques ; incivilités, délinquance ; crise du lien social ; crise du militantisme syndical et politique).

On le voit : la crise des identités personnelles est inséparable des évolutions de la société. Comprendre ces difficultés suppose que l’on prenne en compte ces évolutions.

d) la difficulté de se penser comme adulte

Résultat : nombre de nos contemporains ont du mal à se comprendre comme des adultes, si l’on en croit l’enquête effectuée par la Vie.

En fait, le mot adulte a changé considérablement de connotation depuis cinquante ans. Selon J.-P. Boutinet, on peut distinguer trois étapes dans cette évolution. Jusqu’aux années 50, où la société était encore relativement stable, l’adulte faisait référence ; il incarnait un idéal type (mère au foyer, homme de métier…) et atteignait la maturité. Au cours des années 60, avec leurs mutations technologiques et culturelles, arrive l’adulte inachevé, en continuelle maturation : il se construit par ses projets. Au début des années 80, avec la montée des précarités, émerge l’adulte à problèmes : dans un environnement complexe et menaçant, il n’arrive pas à se construire, il se sent perdu, chargé de responsabilités difficiles à assumer.

1.2 – Les processus historiques

Les remarques que l’on vient d’évoquer s’enracinent dans des processus plus larges.

a) les mutations de la conscience de soi

Les difficultés que nous avons évoquées prennent un autre relief si nous les situons historiquement. En effet, nous sommes au terme d’une série de mutations qui ont peu à peu transformé la conscience que nous avons de nous-mêmes.

Le 16 ème siècle est un seuil important dans ces mutations : c’est à cette période que, dans certaines couches de la population, émerge une nouvelle manière de se comprendre soi-même. Deux figures nous aideront à l’évoquer. D’abord Pic de la Mirandole pour qui l’homme n’a pas de nature définie, mais doit se la fixer lui-même. Ensuite Montaigne qui, formant le projet de se peindre lui-même dans ses Essais, prend conscience de l’instabilité de l’être humain (sa nature est aussi insaisissable que l’eau que l’on voudrait empoigner). Comme l’écrit Ch. Taylor, « chacun de nous doit découvrir sa propre forme.[…] Montaigne inaugure […] un nouveau genre de réflexion, intensément individuelle, une explication de soi-même ».

Les perplexités de nos contemporains devant leur identité s’enracinent là. Comme l’écrit le même auteur, « derrière l’exploration du moi moderne, se trouve le présupposé que nous ne savons pas à l’avance qui nous sommes ».

Après avoir touché les couches sociales aisées, ces perplexités se sont « démocratisées » au cours du 20 ème siècle quand les structures sociales qui encadraient l’existence ont perdu de leur emprise.

b) la modernité tardive

Ce qui vient d’être évoqué concerne la modernité, qui s’étend jusqu’au second tiers du 20 ème siècle. Depuis, les mutations se sont accélérées : certains parlent de post-modernité. Les penseurs de la post-modernité perçoivent le moi comme produit d’un ensemble de forces sur lesquelles il n’a pas de prise. Pour eux, le moi n’est pas un centre d’initiative, il est même une réalité illusoire : « notre identité n’est rien de plus qu’une cohésion accidentelle dans le flux du temps » (Lawrence d’Arabie).

Sans entrer dans le débat sur la post-modernité, je trouve les analyses d’A. Giddens éclairantes pour la situation actuelle.

Comme l’indique le titre de son ouvrage, son propos est de montrer comment les évolutions récentes travaillent la question de l’identité. Que peut-on en retenir ?

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Le moi est devenu un projet réflexif : l’identité n’est pas donnée mais à construire. Il est significatif que nous soyons sans cesse en train de nous interroger sur ce que nous devenons. A cet égard, le foisonnement d’ouvrages de psychologie pratique est un excellent indicateur de ce désir de nous connaître et de nous transformer.

Bien plus, nous essayons de nous modeler, grâce aux régimes alimentaires ou aux exercices corporels qui nous donneront le profil souhaité : selon Giddens, le soin du corps est un élément essentiel de l’attention que chacun porte à soi. Plus généralement, la place prise par les diverses thérapies (elles aussi en pleine expansion) est une expression de cette réflexivité du moi, sans oublier le mouvement dit du « potentiel humain ».

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Le moi est vu comme la trajectoire d’un développement continu. D’où l’importance des diverses planifications de l’existence. Chacun choisit son style de vie et le met en œuvre par un ensemble de pratiques (habitat, nourriture, vêtement…). Autrement dit, l’identité ne se joue pas seulement par rapport au passé, elle concerne aussi la manière dont nous bâtissons notre avenir. Le fil conducteur de l’histoire de chacun, c’est la trajectoire qu’il parcourt ; aucun modèle ne s’impose.

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L’important est l’authenticité, la possibilité de se trouver soi-même, de découvrir son vrai moi. En construisant sa vie, on ne reproduit plus ce qu’ont vécu les générations antérieures. On se construit sur de l’auto référentiel, d’où le fait que la honte remplace la culpabilité dans les sentiments qui ont de l’importance : la culpabilité renvoie à une transgression, la honte est un jugement qu’on se porte devant soi-même

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Le cours de la vie est une série de passages qui ne sont plus ritualisés : leur réussite ne dépend pas d’un encadrement social et symbolique mais des capacités de chacun à les gérer. Il revient à chacun de peser l’équilibre entre chance et risque dans ce qui se présente à lui : il lui faut foncer dans l’inconnu. Cela veut dire aussi que chaque transition importante peut être une crise d’identité.

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Les relations avec autrui tendent à ne reposer que sur ce qui se vit entre les partenaires impliqués, ce que Giddens appelle les « relations pures ». L’environnement social ne les porte plus comme avant : c’est l’engagement que chacun y apporte qui en fait la solidité, mais aussi la fragilité. Elles supposent en effet un constant travail sur soi et dépendent entièrement de la confiance mutuelle.

Quand une relation pure est vécue en plénitude, elle joue un rôle clé dans la construction du projet réflexif ; mais elle peut être source de tracas dans la mesure où elle ne repose que sur l’authenticité. On pourrait dire que l’identité est le fruit de ces histoires partagées où chacun des partenaires puise au plus profond de lui-même pour s’impliquer dans la relation et s’ouvre à l’autre dans un désir d’authenticité. On devine la portée de ces analyses sur le type de relations qui se nouent dans les couples.

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Beaucoup de questions existentielles importantes (la naissance, la maladie, la mort) sont prises en charge par des institutions spécialisées et se sont donc éloignées de la vie ordinaire : cela lui donne habituellement de la sécurité, mais quand il affronte lui-même une crise existentielle, l’individu risque d’être pris au dépourvu. C’est pourquoi Giddens parle à ce sujet de « confiscation de l’expérience ». Cependant, il se demande si l’on n’assiste pas à un « retour du refoulé ».

En effet, laissée à sa pente dominante, la société actuelle offre « un environnement
techniquement compétent mais moralement aride » : comment ne serait-on pas menacé par un manque de sens ?

De fait, les questions morales et existentielles reviennent au premier plan à l’occasion de débats sur ce que Giddens appelle une politique de la vie (questions liées à la fécondation et à l’euthanasie ou concernant l’environnement).

c) des identités souvent inachevées

Les analyses de Giddens sont suggestives ; elles montrent bien comment l’identité est maintenant le fruit d’un continuel travail sur soi. Cependant, elles ne montrent peut-être pas assez que nombre d’adultes ne conduisent pas à terme ce travail de construction de soi. Comme le suggérait J.-P. Boutinet, l’adulte à problèmes s’est répandu dans notre société.

Aujourd’hui, être adulte n’est plus un état (on le devient en acquérant un statut), mais un processus (cela demande un constant travail sur soi). Et ce travail psychologique est exigeant.

Mais certains aspects de notre société n’incitent pas à ce travail de maturation : consumérisme ; hédonisme ; intérêt pour le court terme plus que pour le long terme, pour son image plus que pour son moi profond. D’où ce qu’un auteur appelle une « individualisation par défaut » : si chacun doit se prendre en charge, beaucoup suivent la ligne de moindre résistance et demeurent immatures. D’où ces identités souvent inachevées.

2 – Approche psychologique

La question de l’identité renvoie à la question : « qui suis-je ? ». Si l’on ne se contente pas de ce qu’en dit la carte d’identité, on s’aperçoit qu’il n’est pas facile d’y répondre.

2.1 – Les axes de notre identité

On peut d’abord regarder l’identité à partir de deux axes complémentaires : l’axe temporel et l’axe spatial, chacun d’eux étant traversé par la dimension relationnelle.

a) la dimension temporelle de l’identité

Partons d’une constatation simple : nous sommes des êtres historiques. Cela signifie trois choses :

* Notre existence se déroule dans un temps historique précis : elle aurait été différente à une autre époque ;
* C’est dans la durée que nous nous construisons : notre identité est le fruit de toute notre existence ;
* Pour nous connaître, nous avons besoin de faire le détour par ce que nous avons vécu et par ce que nous aspirons à vivre.

Avec la modernité, nous sommes devenus plus sensibles à cette dimension. En effet, les sociétés traditionnelles voyaient davantage la continuité : les identités étaient données par le statut, qu’il soit lié au sexe, à l’ordre générationnel (être fils ou père ou grand-père ; fille, mère ou
grand-mère), à la position sociale (qui se reproduisait d’une génération à l’autre). Il n’en va plus de même dans les sociétés modernes.

Maintenant, l’identité n’est pas donnée au départ, il faut la construire : sa dimension temporelle prend donc une importance nouvelle, surtout dans une société où le changement est très présent.

b) la dimension spatiale de notre identité

Nous sommes marqués non seulement par notre époque, mais aussi par les lieux où nous avons vécu, à commencer par notre lieu de naissance. Ce pays natal, avec ses paysages ou ses quartiers, sa langue, son climat, c’est le coin de terre où nous avons passé nos premières années. Nous portons tous en nous ces paysages familiers qui nous font dire : ici, je me sens chez moi ; et nous sommes décontenancés quand ils sont transformés par l’action des hommes ou des éléments. Et nous savons le drame des personnes qui ont dû fuir leur pays et vivent ce qu’on appelle justement le déracinement.

c) la dimension relationnelle de notre identité

Ces temps et ces lieux sont peuplés de personnes. Chacun est fortement marqué par ses relations, à commencer par ses parents et ses proches, en passant par son milieu social et ses divers groupes d’appartenance.

Ces appartenances contribuent à façonner notre identité. Comme l’a écrit A. Clair, « tout être humain est, quant à son identité même, tributaire de tout un réseau d’appartenance qui le précède, réseau qu’il doit assumer en vue d’établir son identité.

Il ne peut même y avoir de personnalité morale, comme sujet libre et responsable, que dans un rapport d’appartenance à des communautés ; ce n’est certes pas une appartenance qui fait l’identité d’un sujet… ; mais sans appartenance, un sujet n’a pas encore d’identité ; il n’y a même pas de sujet ».

I l n’y a pas d’identité sans appartenances, mais elle n’en est pas le simple produit. Ce qui compte aussi, c’est la manière dont nous réagissons par rapport à ce que nous en avons reçu. Il y a toujours un moment dans notre vie où nous avons à nous situer par rapport à ce qui nous a été transmis : « l’important, ce n’est pas ce qu’on a fait de nous, mais ce que nous ferons de ce qu’on a fait de nous » (Sartre).

Autre remarque : c’est la diversité des appartenances (et la manière dont cette diversité est vécue) qui empêche nos identités de se refermer sur elles-mêmes.

Les replis identitaires consistent précisément à privilégier certaines dimensions, en particulier à oublier la dimension humaine (selon laquelle nous partageons une commune identité avec tous nos frères humains).

2.2 Les diverses facettes de notre identité

Si nous regardons d’un peu plus près les diverses facettes de notre identité, nous allons nous apercevoir qu’elles sont très diverses.

a) les divers éléments possibles

Si nous regardons ce que nous sommes actuellement, nous pouvons nous définir de plusieurs manières ou de plusieurs points de vue : religieux, générationnel, politique, sexuel, familial, social, professionnel, culturel, ethnique, etc.

Ce sont autant de facettes de notre identité, autant d’identités partielles possibles.

b) comment notre identité s’organise-t-elle ?

La question est de savoir comment nous « gérons » ces diverses identités. Nous pouvons nous contenter de les juxtaposer, au risque de nous sentir tiraillés entre diverses aspirations ou différents devoirs et d’avoir l’impression que notre personnalité est éclatée.

La plupart du temps, nous organisons notre identité autour d’un ou de quelques pôles privilégiés (travail, famille…).

Ainsi, parmi toutes nos identités, il en est une qui organise les autres, qui les fédère, qui est notre identité « ultime ». Cela veut dire aussi qu’il y a des éléments de notre identité que nous considérons comme périphériques (et que nous négligeons peut-être).

2.3 La construction de notre identité

Voyons maintenant comment se construit l’identité. Cela n’est pas toujours facile aujourd’hui et ne se réalise pas une fois pour toutes : si le début de la vie adulte est le moment où l’identité prend consistance, celle-ci peut avoir à trouver un nouvel équilibre quand on arrive au milieu de la vie et se trouver remise en question plus tard, par exemple lors du passage à la retraite.

a) un cadre de référence

Parler de construction de l’identité, c’est se demander comment on passe de ce que l’on a reçu à ce qui devient nôtre ; autrement dit, comment on devient progressivement adulte. Une grille d’analyse simple consiste à se poser deux sortes de questions et à les croiser :

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A-t-on pris le temps de se poser certaines questions, de réfléchir à ce que l’on veut devenir ?
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A-t-on pris une orientation ferme ? A-t-on décidé d’une direction pour notre vie ?
A-t-on pris un ou des engagements ?

A partir de là, quatre cas peuvent se présenter, qui sont autant de manières de résoudre la question de son identité :

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Identité consolidée ou mûrie : on y parvient après avoir examiné les possibilités et fait ses choix. Ce n’est pas une identité figée une fois pour toutes (puisqu’elle est le fruit d’un questionnement). Elle peut être remise en question plus tard (on traverse alors une phase de moratoire).

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Identité bloquée, précipitée ou héritée : on s’est engagé sans avoir examiné certaines questions ; c’est une identité toute faite, par exemple quand on se contente d’entériner les positions transmises par le milieu familial. C’est ce que vient normalement bousculer l’adolescence. Si on en reste là, on s’enferme dans un rôle, on se donne une identité rigide, on refuse les questions.

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Identité en attente ou moratoire : on se pose des questions, mais on n’a pas encore choisi son orientation. C’est le propre de l’entrée dans la vie adulte. On peut y repasser plus tard, quand il faut affronter de nouvelles questions.

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Identité floue ou diffuse : on ne s’est pas posé de questions et on ne s’est engagé dans aucune direction. C’est normal à l’adolescence : « ouvert à tout, engagé à rien ». Plus tard, c’est signe d’immaturité : on veut continuer à goûter à tout.

Ces quatre situations ne sont pas figées, elles peuvent évoluer et l’on peut donc passer de l’une à l’autre, avec des évolutions positives, mais aussi des régressions.

b) des situations variées

Selon les domaines, nous pouvons être dans l’une ou l’autre de ces positions. Par exemple, nous pourrions avoir une identité mûrie au plan professionnel, en attente dans le domaine affectif (on ne s’est engagé avec personne), diffuse au plan politique (on ne s’est pas posé beaucoup de questions en ce domaine et on n’a aucune préférence partisane marquée), héritée en ce qui concerne la foi (on s’est contenté de reprendre ce qu’on a reçu de son éducation). Quand on n’est pas parvenu au même statut dans un certain nombre de domaines importants, on se trouve dans une situation de conflit identitaire ; on n’est pas encore unifié. Mais le sera-t-on complètement un jour ?

Ce schéma simple aide à faire le point sur les diverses composantes de son identité et à voir les aspects qui sont solides, ceux qui sont encore en suspens, ceux que l’on ne veut pas regarder en face ou ceux qu’on ne vit que superficiellement. Il peut aussi permettre de mieux comprendre le processus de maturation que vivent les jeunes avec lesquels on est en relation.

3 – De l’identité humaine à l’identité chrétienne

Après la sociologie et la psychologie, reprenons la question sous un angle philosophique et théologique. Pour cela, nous nous inspirerons des réflexions de P. Ricœur sur ‘l’identité narrative’. Cette expression permet de dire en même temps la nécessaire permanence de ce que nous sommes et les changements qui affectent inévitablement nos vies. Parler d’identité narrative suggère que cette identité prend la forme d’un récit, mais de quelle manière ?

3 .1 La mise de la vie en récit

P. Ricœur distingue trois étapes dans la mise en récit de notre identité. Dans son analyse, il utilise un mot grec, « mimesis » (littéralement : imitation) pour montrer comment le récit a la capacité d’imiter l’action humaine en lui donnant forme dans la narration.

a) la « mimesis 1 » ou préfiguration

Une identité narrative a quelque chose à voir avec une histoire. Notre vie est d’abord une histoire qui passe par des événements, des rencontres, des étapes et des crises. Mais, quand elle ne fait que se dérouler, cette histoire est encore informe, elle n’est qu’une masse d’événements sans liens les uns avec les autres. Nous sommes ici au niveau de ce que Ricœur appelle « mimesis 1 » ou préfiguration (notre histoire n’a pas encore pris figure). On peut dire aussi que notre vie a une structure pré-narrative : elle n’est pas encore racontée, mais elle est en attente de l’être.

Par ailleurs, avant d’être racontée, notre vie baigne très tôt dans un monde d’histoires entendues en famille ou dans nos groupes d’appartenance et apprises à l’école. Ainsi, nous savons que la vie se raconte et nous apprenons comment la raconter.

b) la « mimesis 2 » ou configuration

C’est en la mettant en récit qu’on donne forme à son histoire. A ce sujet, Ricœur parle de « mise en intrigue » (une expression empruntée à la littérature : on parle de l’intrigue d’un roman). On peut en retenir deux effets :

* La mise en intrigue transforme une diversité d’événements en une histoire formant un tout : ceux-ci s’organisent selon une trame, un fil directeur ; l’existence multiple devient une histoire.

* La mise en intrigue oriente l’histoire, qui va d’un commencement à une fin et aboutit à une conclusion ; les enchaînements entre les événements sont finalisés, chacun est raconté de telle manière qu’on perçoit sa contribution à l’accomplissement de l’histoire. Mais comme notre histoire n’est pas achevée, son récit ne peut aboutir qu’à une conclusion ouverte.

Ainsi, notre existence trouve sa cohérence en se racontant. Ces récits peuvent être partiels ; plus rarement, ils reprennent l’ensemble de notre histoire.

Quelle qu’en soit l’ampleur, le récit peut dire à la fois ce qu’il y a de permanent en nous (c’est bien moi à toutes les étapes du récit) et ce qui a changé en nous (il s’est passé des choses dans mon histoire qui m’ont transformé).

E n outre, cette cohérence fournie par le récit n’est pas une découverte (comme si nous la trouvions enfouie au fond de nous), elle est une construction (elle en est le fruit). Autrement dit, raconter son histoire, c’est lui donner une cohérence qu’elle n’avait pas : avant de la raconter, on n’avait pas encore fait certains liens. C’est pourquoi la relecture nous construit. En ne regardant jamais son histoire, on prend le risque de rester étranger à soi-même.

La tradition spirituelle le sait depuis longtemps. A cet égard, j’aime citer un texte de
Jean-Baptiste de la Salle qui écrivait dans un Mémoire : « Dieu qui conduit toute chose avec sagesse et avec douceur, et qui n’a point coutume de forcer l’inclination des hommes, voulant m’engager à prendre entièrement soin des écoles, le fit d’une manière fort imperceptible et en beaucoup de temps ; de sorte qu’un engagement me conduisit dans un autre, sans l’avoir prévu dans le commencement ».

Avec la mise de notre histoire en récit, nous passons à la « mimesis 2 » (configuration). Parler de configuration, c’est dire que notre histoire prend forme et trouve une sorte de cohérence.

c) la « mimesis 3 » ou refiguration

Selon Ricœur, on ne se comprend pleinement soi-même qu’en se confrontant à d’autres récits, y compris des récits de fiction (il parle de romans, mais on pourrait évoquer également les films ou les contes traditionnels). En les lisant, on s’ouvre à d’autres univers.

En lisant un roman ou en regardant un film, on peut s’y reconnaître en se projetant dans certains
personnages, mais on peut aussi y découvrir des aspects de la vie auxquels on n’aurait pas pensé ou y rencontrer des personnages très éloignés de sa manière d’être. Ce faisant, on se comprend mieux (combien de new-yorkais ont dit : c’était comme « la tour infernale » pour exprimer ce qu’ils avaient vécu !).

Ceci nous fait passer à la « mimesis 3 » ou refiguration. Notre identité se transforme en rencontrant d’autres récits qui lui ouvrent de nouveaux horizons (elle peut être refigurée).

3.2 L’identité chrétienne comme refiguration

L ’identité chrétienne se construit bien ainsi, en mettant notre histoire en résonance avec des récits (récits bibliques ou biographies de saints). Elle est façonnée par leur fréquentation.

C’est à leur contact que les croyants reçoivent la vision du monde qui orientera leur existence, comme cette recommençante qui évoquait sa manière de lire la Bible : « l’arrachement que je vivais me rendait particulièrement réceptive au livre de l’Exode : j’ai eu l’impression qu’avec les Hébreux j’étais libérée de l’esclavage, que je franchissais la Mer Rouge, que je traversais le désert. Ce que j’avais vécu, ce que je vivais, fondait ma nouvelle identité. J’étais en route vers la Terre promise. Et j’y suis venue ».

a) se laisser travailler par les récits fondateurs

Il ne suffit pas de mémoriser ces récits pour construire son identité. Il est certes important d’avoir un contact familier avec eux pour qu’ils nous transforment peu à peu. Comme le dit Ricœur, les textes nous changent en agissant sur notre imagination : il nous ouvrent de nouvelles possibilités d’existence (pensons aux paraboles de Jésus). Mais c’est en passant dans notre vie que ces récits structurent notre identité chrétienne.

De ce point de vue, on devient chrétien quand son histoire personnelle rencontre le récit biblique au point que celui-ci en devient la clé d’interprétation. Trois exemples rapidement évoqués le montrent chacun à sa manière :

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Antoine, le père du monachisme, réalise qu’il est appelé à une vie de détachement radical en entendant lire l’évangile du jeune homme riche alors qu’il vient d’hériter ;

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Augustin rédige ses Confessions en entrelaçant le récit de son histoire avec des références bibliques qui apparaissent comme les clés d’interprétation de sa vie ;

o

J.-B. de la Salle, s’interrogeant sur sa fonction de chanoine qui lui vaut des revenus non négligeables, est éclairé par un texte que son conseiller spirituel propose à sa réflexion :
 » les renards ont leur tanière et les oiseaux du ciel ont des nids… » (Mt 8, 20).

Il ne suffit pas d’acquiescer intellectuellement à des énoncés théologiques, il faut laisser travailler son histoire personnelle par les récits fondateurs du christianisme. Ce travail n’est jamais achevé : il peut être relancé périodiquement par de nouveaux événements, porteurs de nouveaux appels ou de nouvelles interrogations. Ainsi, dans un temps de déréliction profonde, c’est le livre de Job qui accompagnera J.-B. de la Salle dans la nuit de sa foi.

b) s’ouvrir à la polyphonie biblique

Pour être encore plus précis, nous nous référerons à la classification des écrits bibliques en trois catégories (torah, prophétie, sagesse), classification qui a sa source dans la bible elle-même (cf. Si, Prologue 1, 8-9, 24-25 et Lc 24, 27 et 44) et a été revalorisée récemment par les biblistes. Mes remarques s’inspireront aussi des travaux de P. Ricœur qui montrent comment ces écrits construisent l’identité croyante.

* la Torah ou l’identité fondée

La Torah entrecroise des récits (qui rappellent ce que Dieu a fait pour son peuple) et des lois (qui structurent sa manière de vivre). De deux façons, la Torah propose donc des repères permettant à Israël de connaître ses contours.

Elle instaure l’identité éthico-narrative du peuple, une identité enracinée dans une histoire et encadrée par un ensemble législatif.

Le résultat est une identité fondée sur la stabilité d’une tradition. Mais le risque de s’en tenir là, c’est de s’enfermer dans les certitudes et d’oublier que toute identité doit constamment rester en éveil pour demeurer vivante.

* la prophétie ou l’identité menacée

La prophétie montre une identité aux prises avec les aléas d’une histoire difficile : elle intervient au moment où Israël se trouve au contact de puissances et de civilisations étrangères, un contact souvent source d’infidélités. Dans ce contexte, la prophétie instaure une identité menacée ou ébranlée : ébranlée par le contact avec l’étranger, source de tentation ; mais aussi par les sévères avertissements prophétiques adressés à ceux qui ne sont pas restés fidèles.

La prophétie rappelle donc que l’identité est fragile, menacée de sclérose ou de déviation ou même de destruction. Elle fait place à la mise en question. Mais le prophétisme a aussi ses propres dangers. Il peut tourner à l’insatisfaction perpétuelle, se radicaliser au point de réclamer sans cesse une pureté sans compromis et même virer au fanatisme. On peut s’enfermer dans le prophétisme comme dans la loi. D’où l’intérêt de la sagesse comme troisième classe d’écrits.

* la sagesse ou l’identité singularisée et universalisée

Les écrits de sagesse ont une double fonction. D’abord, la sagesse prend en compte tout ce qui fait la vie quotidienne, elle propose un « retour à l’élémentaire » des questions de la vie (les rapports entre générations ou entre hommes et femmes, l’affrontement de l’âge et de la mort, etc.). Elle apprend à respecter la complexité de l’existence et maintient les questions ouvertes. Et c’est à chacun d’affronter ces situations et de trouver la juste attitude. De ce point de vue, on peut dire que la sagesse singularise.

Ensuite, elle fait communiquer l’identité particulière d’Israël avec la communauté humaine : en effet, le propre des écrits de sagesse est de reprendre un genre pratiqué hors d’Israël et donc de pouvoir s’adresser à ceux qui ne partagent pas sa foi. Par la sagesse, Israël « respire l’air commun » (Sg 7, 3) ; pour reprendre une image du P. Beauchamp, il établit une grande « surface mitoyenne » avec les peuples.

Par ces écrits, la Bible refuse le repli identitaire d’Israël et l’ouvre à l’universel. Les écrits de sagesse instaurent une identité universalisée.

L’oubli de cette dimension peut avoir deux conséquences. D’abord, faute d’entrer dans cette démarche, qui rend attentif à la complexité de l’existence, on risque de tomber dans le moralisme. Or beaucoup cherchent une sagesse de vie, une meilleure connaissance d’eux-mêmes, des relations plus harmonieuses avec leurs semblables. La sagesse est plus large que la morale.

Ensuite, oublier la sagesse, qui ouvre à la vérité des autres cultures et des autres religions, peut conduire à la prétention d’être seul détenteur de la vérité, à l’intégrisme de celui qui ne voit qu’erreur chez l’autre.

Au lieu de nous barricader dans nos propres références, ouvrons-nous à la sagesse des nations. C’est donc dans l’équilibre entre ces trois dimensions que réside notre identité, un équilibre qui peut varier selon les époques pour les communautés chrétiennes et selon les moments de la vie pour les personnes.

c) se laisser façonner par la liturgie

Il n’est pas possible de parler de ‘mémoire’ à propos de l’identité chrétienne sans évoquer le mémorial liturgique. Pour rappeler d’abord que celui-ci articule les trois instances du temps : en célébrant le mystère pascal aujourd’hui, nous accomplissons cet acte en mémoire du Seigneur jusqu’à ce qu’il vienne.

P our souligner ensuite que le temps liturgique nous fait retraverser chaque année l’ensemble de
l’histoire du salut : ce faisant, il refigure notre histoire à la lumière des points forts de la Révélation ; en invitant chacun à repasser régulièrement par l’ensemble des mystères du salut, il l’aide aussi à sortir de ses préférences spirituelles pour qu’il en accueille toutes les richesses.

Po ur relever enfin que le temps liturgique est aussi une expérience de la variété des temps, celui de
l’attente (Avent), de l’échec (Vendredi saint), du deuil (Samedi saint), de la victoire sur le mal (Pâques), de la précarité de l’histoire (Ascension), sans oublier la scansion du temps liturgique en temps particuliers et temps ordinaires .

d) la suite du Christ

S i l’on en vient au cœur de la foi chrétienne, qui consiste à suivre le Christ, nous savons bien qu’il ne s’agit pas de reproduire ses paroles et gestes : chacun est appelé à devenir un disciple dont la figure est unique. Le Christ n’est pas un modèle extérieur à imiter, mais une force d’inspiration qui renouvelle notre rapport à Dieu et aux autres.

D ’ailleurs, la figure du Christ qui ressort des évangiles ne se ramène pas à quelques traits simples. Ce n’est pas un hasard si nous disposons de quatre perspectives sur lui. Nous ne pouvons donc pas nous enfermer dans une répétition littérale des faits et gestes du Christ.

e) identité croyante et appartenance à une communauté

M ême si ce n’était pas au premier plan, on pressent que l’identité croyante ne se vit pas en solitaire, de même que l’identité humaine a une dimension sociale. En évoquant la dimension de refiguration de l’identité chrétienne, je notais qu’elle comporte nécessairement la référence à des textes fondateurs, j’ajoute : à des textes qui sont portés par une communauté d’interprétation.

En terminant, je voudrais souligner qu’on devient membre d’une communauté quand son identité narrative fournit la clé d’interprétation de l’identité personnelle. En effet, une communauté peut être comprise comme « un groupe de personnes qui en sont venues à partager un passé commun, qui comprennent certains événements du passé comme étant d’une importance décisive pour interpréter le présent, qui anticipent l’avenir par le biais d’une espérance partagée et qui expriment leur identité dans une narration commune ».

Disant cela, je rappelle la dimension ecclésiale de l’identité chrétienne, une dimension bien connue, mais qu’il fallait situer dans notre démarche.

Conclusion

Pour clore ces pages, je soulignerai seulement un point qui est en arrière-fond des réflexions qui précèdent. Que l’on se situe d’un point de vue sociologique, psychologique, philosophique ou théologique, on est conduit à insister sur la nécessité de comprendre l’identité de manière dynamique. Celle-ci n’est pas une réalité intemporelle qui flotterait au-dessus des fluctuations de l’histoire, elle n’est pas une essence figée dont nous aurions à préserver la pureté contre vents et marées. Mais cela implique de la remettre périodiquement sur le chantier et, puisqu’il s’est agi d’abord de l’identité personnelle, cela renvoie à un travail sur soi plus exigeant que par le passé. Ce n’est pas pour rien que l’on parle partout de relecture : elle est l’un des moyens privilégiés pour ressaisir les morceaux épars de son histoire quand tout invite à l’éclatement.

Pour autant, une identité comprise de manière dynamique n’est pas nécessairement une identité invertébrée. Ou pour le dire autrement, si nous ne pouvons pas nous identifier à nos racines (à la différence des plantes attachées à un sol, nous avons des pieds pour nous déplacer), nous avons besoin de points d’ancrage (ou de ports d’attache) pour alimenter nos voyages dans des régions qui seront plus ou moins lointaines selon les personnes. A chacun de trouver le rythme de ses allers et retours pour éviter aussi bien de s’endormir là où il se trouve bien que de se perdre dans l’inconnu.

Robert Comte.

Frère des Écoles Chrétiennes

Service diocésain de Formation de Lyon

Dans un ouvrage à paraître aux éditions du Cerf, je développe davantage les thèmes traités rapidement ici.

Claude Dubar, La crise des identités. L’interprétation d’une mutation, PUF, collection Le lien social, 2000.

Id., op. cit. p. 93. La Lettre aux catholiques de France propose des remarques similaires (voir p. 24).

Cf. Richard Sennett, Le travail sans qualités. Les conséquences humaines de la flexibilité, A. Michel, 2000,
p. 31.

Voir Marlène Tuininga, Être adulte. 100 personnalités témoignent de leur expérience, Albin Michel/La Vie, 1996, ch. 1.

Dans son ouvrage L’immaturité de la vie adulte, PUF, collection Le sociologue, 1998.

Voir Christine Delory-Momberger, Les histoires de vie. De l’invention de soi au projet de formation, Anthropos, 2000, p. 50.

Charles Taylor, Les sources du moi. La formation de l’identité moderne, Seuil, 1998, p. 237.

Id., op. cit., p. 234.

A. Giddens, Modernity and self-identity. Self and society in the late modern age, Stanford University Press, 1991.

André Clair, Sens et existence, Armand Colin, 2002, p. 212

Voir en particulier Temps et récit III, Seuil, 1985 et Soi-même comme un autre, Seuil, 1990.

P. Ricœur, Lectures 3, Seuil, 1994, p. 312-321

Voir X. Thévenot, « Liturgie, morale et sanctification », dans Les ailes et le souffle. Éthique et vie spirituelle, DDB/Cerf, 2000.

G. Stroup; The promise of narrative theology, SCM Press, 1981.