Satan ? Pourquoi en reparler ? (2)
Quels sont les risques, comment les prévenir ?
Le romantisme noir dont les adeptes du diable représentent la frange extrême et la plus subversive, devient aujourd’hui plus qu’une simple « tendance », un emblème de génération. Dans son versant le moins inquiétant, il s’affiche sous ce label « gothique » qui déconcerte bien des parents. Mais que recouvre-t-il exactement ? Où commence le danger pour tous ces jeunes tentés d’en adopter un temps les références et expressions culturelles ? Comment leur éviter de sombrer dans la dérive du satanisme ?
Ce qu’il faut savoir sur la culture gothique
Gothique ou sataniste, comment s’y retrouver ?
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La confusion entre le mouvement gothique (ou gothik) et la mouvance sataniste est souvent source d’incompréhension. Or le gothisme ne conduit pas systématiquement à la déviance ou à la marginalité, même si l’on ne peut aujourd’hui contester qu’il reste l’une des portes d’entrée sur le satanisme ;
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Le gothisme possède ses codes, ses emblèmes et ses « adeptes », tous membres d’une culture adoptée par les adolescents comme signe de reconnaissance, de leur singularité face au monde des adultes.
Ses canons esthétiques
Les gothiques s’habillent en noir, s’affublent d’accessoires rouge sang ou métal et adoptent volontiers le « look » vampire ou néoromantique.
Ses références culturelles
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Les gothiques raffolent des films d’épouvante, des lieux et atmosphères étranges et aiment la littérature la plus sombre ;
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La diffusion de feuilletons télé particulièrement populaires auprès des adolescents, la production de films et jeux vidéos ont contribué à renforcer la mode du gothisme auprès des jeunes. Mais c’est par la musique que celle-ci s’est le plus largement affirmée auprès des adolescents.
Le gothisme, phénomène de mode ou premier pas vers la radicalité ?
Dans le sillage d’une « tendance » qui fait école jusque dans les cours de collège, évoluent quelques adeptes d’une frange radicale : les satanistes. Ceux-là profitent de l’engouement que suscitent des idoles gothiques comme le chanteur et musicien Marylin Manson, pour gagner une certaine forme de respectabilité et étendre leur influence auprès des jeunes à la faveur de concerts ou soirées à thème.
Souvent engagés dans des groupes musicaux à l’activité souterraine, ils vivent leur engagement comme un vrai militantisme.
Le black métal, la voix des satanistes ?
Leur univers musical s’inspire d’un type de rock très agressif ;
Il se joue en une trentaine de nuances variées tantôt qualifiées de Death Métal, Heavy Métal, Opéra-Gothico-Metal, Trash-Industriel, Speed, Black-Death ou encore Black Métal ;
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Ces groupes sont facilement repérables par leurs patronymes inspirés du vocabulaire de la démonologie, de la mythologie Scandinave et germanique évoquant leur filiation directe au satanisme ;
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Edités par des labels indépendants qui font circuler leurs titres, les dates et lieux de leurs concerts via de petites feuilles d’actualité, fanzines ou webzines aux tirages limités, ils se produisent sur les scènes confidentielles de l’underground musical.
En quoi sont-ils dangereux ?
Leur production abonde en textes mortifères, parfois attentatoires à la dignité humaine et se présentent parfois comme de véritables incitations à la haine. Elle se mâtine très souvent de références païennes et nationalistes aux relents antisémites ;
La fréquentation assidue de concerts de Métal n’est pas sans risque. (Atmosphères quasi- hypnotiques favorisant les états de transe, messages subliminaux appelant le passage à l’acte et stimulant les pulsions suicidaires, etc.) ;
Enfin, dans la nébuleuse des spectateurs fans des idoles du Black Métal, évoluent le plus souvent de fervents satanistes parfois prosélytes.
Satanistes et Lucifériens
En Europe et en France, les dévots du diable se réunissent en petits groupes informels, fluctuants et difficiles à appréhender dans leurs positions doctrinales très variées.
Des rituels macabres et sanglants
Les rituels satanistes, d’une obédience à l’autre varient peu, malgré les différences doctrinales qui opposent par exemple satanistes et lucifériens. Ils sont ordonnés selon un calendrier inspiré des traditions druidiques. Ils peuvent aller, quoiqu’on en dise, jusqu’aux actes criminels (messes noires, viols, tortures et sacrifices d’animaux, voire d’humains).
Où et comment recrutent les réseaux satanistes ?
Les satanistes favorisent les contacts individuels et utilisent avec profit les facilités que leur offre l’anonymat des contacts sur le web :
Sur internet
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Via les sigles « officiels » satanistes ;
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Via les forums de discussions et listes de diffusion ouverts sur les portails crées par les fournisseurs d’accès ;
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Via de pseudos sites personnels, sous le jour d’adolescents passionnés par le vampirisme, les films d’épouvanté, la science-fiction, la magie, l’occultisme, la voyance ou l’ufologie…voire la philosophie ;
En infiltrant certains webzines d’information jeunesse aux thèmes éclectiques via les rubriques « paranormal, jeux vidéos ou jeux de rôles » qu’ils développent en leurs sommaires.
Du contact virtuel à la rencontre formelle
Par le biais d’une invitation à percer les secrets de leur site, en multipliant dans leur arborescence des entrées comme « laboratoire de l’horreur », « galeries de portrait » ou « sortilèges et rites d’envoûtement », les satanistes vont inviter les adolescents à s’inscrire pour converser directement avec eux sur leur messagerie électronique ;
Le contact virtuel peut alors à l’insu des parents évoluer vers des rencontres bien réelles.
Une escalade dans la violence
Une consultation poussée des sites satanistes et lucifériens ouverts en libre consultation sur le web, fait apparaître, à l’examen de leurs pages de liens, des rapprochements entre ces groupes et quatre types d’organisations présentant des dangers plus ou moins importants pour les mineurs :
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Les entreprises de voyance et le marché de la magie source potentielle d’escroquerie commerciale ;
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Des groupes ésotériques et sociétés secrètes déjà suspectés de dérives sectaires ;
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L’industrie pornographique et le marché des snuffmovies (accès à des sites parfois
pédophiles via des sites satanistes) ;
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Les organisations extrémistes les plus radicales (mouvance néonazie).
Quelques conseils aux parents
Une réaction s’impose si l’on observe chez un adolescent la conjonction des signes suivants :
Les signes qui doivent alerter
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Un changement radical dans son apparence vestimentaire (adoption du noir comme seule
couleur de référence) ;
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Une mise à distance préoccupante du cercle des intimes (rupture avec ses proches, ses anciens amis) ;
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Des absences répétées injustifiées au collège ou au lycée ;
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Une altération brutale de son caractère avec notamment des accès de violence de plus en plus marqués ;
Un manque de sommeil manifeste, assorti de sorties nocturnes de plus en plus tardives ;
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Des goûts musicaux de plus en plus orientés vers les formes les plus dures du rock métal ;
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Une tendance affirmée au secret et au repli sur soi ;
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Un rejet total des religions traditionnelles allié à une fascination croissante pour des
emblèmes païens, les tenues et reliques militaires, les croix celtiques, éventuellement les armes ;
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La consommation à outrance de films d’épouvanté, de sites internet, de jeux de rôles ou jeux vidéo conçus dans la veine, « trend vampire », un courant incluant une série de biens de consommation culturelle en principe interdits aux moins de 16 ans ;
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L’abonnement à des fanzines, l’achat de tee-shirts et/ou posters frappés de sigles satanistes ;
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L’achat et le port de symboles ésotériques ;
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La fréquentation assidue de soirées, cafés et boutiques liées au mouvement gothique ;
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La présence répétée de signes d’atteinte corporelle (scarifications, multiplication de tatouages et piercings) ;
Une tendance excessive à la mélancolie, aux idées sombres ;
L e refuge dans l’écriture de poèmes et de textes traitant tous de près ou de loin, le thème de la mort vécue comme une libération.
Comment réagir ?
Adopter le look gothique du jour au lendemain, de pied en cap, s’il ne constitue pas un critère décisif à lui seul, doit inciter les parents à questionner le mineur sur la raison profonde de ses choix, sur le sens qu’il accorde à cette démonstration ostensible de sa différence.
Opter pour le dialogue
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Recourir à un tiers l’on se sent déjà dépassé par la situation (Ecole des parents, thérapeute et/ou associations de terrain luttant contre les dérives sectaires).
Savoir poser des interdits
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Limiter sa libre navigation sur internet en adoptant si besoin est les systèmes de contrôle
parental proposés par les fournisseurs d’accès (filtres par mots clefs) ;
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Ne pas, sous prétexte de tolérance, autoriser dans sa propre maison la diffusion d’idées
antisémites ou constituant de véritables appels à la haine, à la discrimination raciale ou à la
transgression de toutes les limites ;
Imposer un frein à la consommation de produits culturels non adaptés au mineur, (en particulier tous ceux frappés de sigles satanistes, pentagrammes, titres et numérologie empruntés au vocabulaire de la démonologie) ;
Envisager si besoin est un éloignement temporaire de l’adolescent concerné pour le soustraire à l’influence néfaste de son groupe.
Mission Interministérielle de Vigilance et de lutte contre les dérives sectaires – 08 sept. 2004