Satan ? Pourquoi en reparler ? (1)
On a dit et écrit beaucoup sur le mouvement gothique, on en parle encore plus sur le net (articles, forums, blogs..), des profs, des parents posent des questions dès qu’un jeune se promène en grande tenue noire ; Quelle attitude avoir, quel regard porter et quel jugement précipité éviter… Il ne m’appartient pas d’en donner une définition ou du moins une approche claire et précise mais par contre on peut éviter de diaboliser trop vite tout ce qui se présente sous l’étiquette « gothique » comme on doit éviter de le faire pour le mouvement « techno ». Je laisse un internaute le présenter :
« Nous sommes des hommes et des femmes comme tout le monde déjà, nous sommes juste plus mélancoliques, nous aimons nous promener dans les cimetières, pas par irrespect mais par nostalgie d’un monde mort et oublié, cela ne nous empêche pas d’aller aussi dans les Pubs ou les Bars pour nous amuser. Nous sommes plus sensibles à ce qui se passe dans le monde, plus réfléchis, car nous ne prenons pas tout ce que l’on nous dit pour argent comptant. Nous nous sentons proche de la société, mais en même temps quelque peu éloignés. Je sais ce n’est pas simple, mais nous ne voulons pas ressembler à ce monde qui est trop conformiste. Nos habits sont noirs, notre visage blanc, notre voix caverneuse encore d’avoir trop crié notre désarroi, notre mode vestimentaire n’est pas tout, comme je disais nous avons un esprit que l’on appelle « Gothisme », c’est une philosophie, basée sur une culture, un art de vivre (on vit « Goth », tous les jours de la semaine, tous les jours du mois, tous les jours de l’année), une pensée, et même une littérature (surtout chez les écrivains romantiques du XIX e tels que Baudelaire pour la France, Gottfried Benn pour l’Allemagne, et d’autres encore). Très nourri surtout en matière de poésie, le gothisme est aussi le fait d’adorer « l’Amour », autant que « la Mort » et de ne pas redouter cette dernière car on meurt tous un jour. Il ne faut pas nous confondre non plus avec les Faux Goth ou Pseudo Goth, qui sont la honte du « mouvement Gothique »(attention le terme de mouvement est pris pour définir le Gothisme en général).
Le « mouvement Gothique », est apparu dans les années 70, alors que le punk déferle sur l’Angleterre, un embryon d’atmosphère, sombre, morbide et mystérieuse « comme au Moyen Age », fait son apparition avec l’album de Kraftwerk « autobahn » cold et électronique… Puis à Londres, Throbbing Gristle invente la musique industrielle, il porte des vêtements militaires et impose une esthétique froide basée sur les camps de concentrations, les usines désaffectées et les produits manufacturés les plus austères. Des fusions s’opèrent avec le mouvement punk, qui assimile la froideur et la dureté des premiers groupes industriels.
1978 .
Un rythme sec, une basse lourde et omniprésente, dépourvue d’artifice : on l’appelle la « Cold-Wave » Killing joke, Joy Division, Siouxsie and the banshees, The cure, poseront les fondements de la cathédrale gothique, avec des titres lourds et denses, des pochettes et des disques noirs et austères comme « Three Imaginary boys » des Cure.
Puis plus question d’un simple mouvement post punk, la « cold wave » est devenue un mouvement à part entière, telles des fortifications féodales avec l’arrivée de groupes bien plus marqués par le rock des années soixante-dix . Puis des groupes comme Virgine prunes, Christian Death, Sisters of mercy, Fields of Nephelin, glorifient la cathédrale gothique par l’exploration systématique des tréfonds de l’âme humaine et des névroses… incantatoires romantiques et profondément désintéressées …
Les « Goths » sont en général doté d’une sensibilité artistique en rapport direct avec cette fameuse période médiévale. D’où une prédilection pour les cathédrales et autres lieux de culte, y compris les cimetières – bien avant leur aspect religieux.
Une autre caractéristique des Goths, c’est l’individualisme.. Aucun Goth ne se ressemble (peut-être a part les « Pseudo-Goths »…) et ça, sur un plan aussi bien physique (façon de s’habiller, coiffure etc..), que mental (façon de penser, spiritualité..). On peut résumer en disant qu’il y a autant de gothismes, que de Goths, car chaque Goth est un être encore plus différent des autres personnes et c’est pourquoi il est si dur de définir ce qu’est le gothisme….Toutefois nous devons, quand même suivre des règles de conduite qui malheureusement ont tendance à se perdre. Galanterie, savoir-vivre et politesse en sont quelques exemples rassurants, de voir que ces valeurs n’ont pas totalement disparu ! »
On peut certainement dialoguer pour découvrir l’idéal gothique en étant attentifs au mimétisme ainsi qu’aux nombreuses dérives possibles. Chaque mouvement comporte sa part de négatif mais le négatif ne peut définir tout le mouvement.
Thierry Dassé.
Prêtre. Docteur en Philosophie