Dieu, casse-leur la gueule !
– Permettre aux jeunes de regarder, de manière détournée,
certaines formes de violence injuste celle dont ils sont victimes,
celle dont ils sont acteurs ou complices,
celle dont d’autres, de part le monde, sont victimes.
Taille du groupe :
Durée :
Public :
Avertissements :
Matériel : – Le texte du psaume 58 (cf ci-dessous) photocopié sur du beau papier A5 pour chaque participant.
Moniteur TV et magnétoscope ou DVD avec « Le Prince d’Egypte » ou « Pale Rider ».
Photo d’une œuvre d’art : Jérôme Bosch, Le couronnement d’épines ou Le portement de croix.
Recommandation : Sur un tel sujet, ne pas solliciter l’expérience personnelle des jeunes mais renvoyer aux faits des séquences vidéo, à l’actualité et aux situations sous-jacentes au psaume.
Les animateurs sont invités à lire le texte d’André Wénin « La violence dans la Bible »
(Ensembles n° 34, Décembre 2000 – janvier 2001, pages 16-17).
Déroulement :
Etape 1 : Se confronter au mal (20 à 30 mn)
Visionner un extrait vidéo de 5 à 7 mn. Suivant les publics, il s’agira du film d’animation « Le Prince d’Égypte » (première séquence chantée, depuis l’évocation des travaux forcés jusqu’à Moïse recueilli par l’Egyptienne) ou bien du western déjà ancien de Clint Easwood, « Pale Ride »r (séquence du début, le saccage du camp des chercheurs d’or jusqu’à la prière de la jeune fille enterrant son chien).
Repérer les multiples formes de la violence injuste mises en scène, repérer ce que deviennent ceux qui la subissent et ne peuvent s’y opposer. Comment réagir ? Dans les deux cas, il y a une prière. Dieu est-il le dernier recours dans une situation de détresse ?
Supposons que la violence empire et que Dieu semble ne pas réagir. Quelle serait alors notre attitude ? Qu’est-ce que nous dirions à Dieu ?
Etape 2 : Accueillir la parole d’un homme blessé : Psaume 58 (5 mn)
Avertir qu’il s’agit justement d’un psaume pour situations qui empirent.
Distribuer le psaume. Le faire lire calmement (sur fond musical ?)
Etape 3 : Traverser la violence ( 40 à 45mn; on peut couper le temps en 2)
Repérer les 5 mouvements du Ps 58 (qui parle à qui et de quoi ?Quel est le centre ?). Se laisser étonner par son style (pas toujours clair, mais tant pis), et ses images violentes : celle des crapules (ici il s’agit de juges qui se prennent pour des « dieux » ; pour plus de détails, l’animateur aura été voir les notes d’une Bible), celle des victimes (les mots de la haine ?), celle que l’on attend de Dieu (exterminer les méchants, juger avec justice). D’accord, pas d’accord ? Pourquoi ?
Facultatif ; à voir suivant le temps : Il est question jusqu’à présent que de la violence injuste. Prenons le temps de réfléchir à ses racines : la Bible raconte un épisode où les racines de la violence sont mises en avant, il s’agit de Caïn et Abel (Genèse 4,1-16). Le lire et échanger brièvement.
Contre la violence injuste est-ce parfois, il ne faut pas employer la force ? Discuter. Comment vaincre le mal, la jalousie, la haine ? La Bible raconte un épisode (entre autres) où la violence est vaincue, il s’agit de David face à Goliath (1 Samuel 17). Le lire et échanger brièvement. Bien voir que dans cette « légende », la force de David ne vient pas de sa ruse mais de sa foi en Dieu. Echanger brièvement.
L’animateur fait appel à l’expérience de quelqu’un qui a affronté la violence injuste sans jamais reprendre des mots de ce type : Jésus dans sa passion. Il pourra s’inspirer de Luc 22-23 en suscitant chez les jeunes leurs souvenirs pour reconstituer la trame du récit (être sensible à tout ce qu’on fait subir à Jésus depuis la trahison jusqu’aux railleries sur la croix : insister sur le pardon des bourreaux). Jésus n’adopte ni la même attitude ni la même prière que l’homme blessé du Ps 58. Essayer de dire pourquoi…
Etape 4 : Prier (20 mn ?)
Prendre l’un des 2 tableaux de J. Bosch. Le contempler. Échanger sur le contraste entre le visage de Jésus innocent et ceux des bourreaux (comment se montre leur violence ?). Relire le Psaume 58.
Dans un premier temps, on se mettra du côté des victimes et, c’est en leur nom que chacun pourra s’adresser à Dieu avec l’un ou l’autre verset du Psaume 58.
Dans un second temps, on fera un bref silence avec une question du genre : moi-même, de quelle violence suis-je acteur ? envers qui ? (mais on n’échangera pas)
Dans un troisième temps, on relira (sur fond musical ?) Luc 23,32-35 et on s’adressera à celui qui a vaincu la mort et pardonné à ses bourreaux
N.B. 1 : si cette lecture se fait dans le cadre d’une récollection, elle peut trouver un nouveau sens dans l’eucharistie (cf. l’avant-dernier paragraphe de A. Wenin dans Ensembles n°34).
N.B.2 : pour l’œuvre de J. Bosch, cf. D. Ponnau, Figures de Dieu, éditions textuel Paris 1999, p.126-127 (le Portement de croix) ou bien la revue Le Monde de la Bible n°126 (avril-mai 2000) p. 28-29 (Le Couronnement d’épines).
Gérard Billon
Psaume 58 :
2 Est-ce vrai, dieux puissants, que vous prononcez la justice ?
Est-ce avec droiture que vous jugez les humains ?
3 Non ! avec le cœur, vous commettez des crimes ;
sur la terre, de vos mains, vous pesez la violence.
4 Les méchants sont dévoyés dès le ventre maternel,
ils s’égarent dès le ventre, les diseurs de mensonge.
5 Un venin est en eux, pareil à un venin de serpent ;
ils sont comme une vipère sourde, qui bouche son oreille,
6 qui n’écoute pas la voix des charmeurs de l’enchanteur habile en enchantements.
7 Dieu ! casse leurs dents dans leur gueule ;
les crocs de ces lions, fracasse-les, SEIGNEUR.
8 Qu’ils s’écoulent comme les eaux qui s’en vont !
Qu’ils se fanent comme l’herbe qu’on piétine !
9 Qu’ils soient comme la limace qui s’en va en bave !
Comme le fœtus avorté, qu’ils ne voient pas le soleil !
10 Avant qu’ils comprennent,
Que les buissons d’épines, les fauves et le feu les emportent !
11 Le juste se réjouira car il voit la vengeance ;
ses pieds, il les lavera dans le sang du méchant.
12 Et les humains diront : » Oui, il est un fruit pour le juste ;
oui, il y a un Dieu qui juge sur la terre. »
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