Livre L’espérance qui est en nous – Offrir aux jeunes des raisons de croire et d’espérer, par l’aumônerie des étudiants de Bayonne
L’espérance qui est en nous
AUMÔNERIE DES ÉTUDIANTS DE BAYONNE
Offrir aux jeunes
des raisons de croire et d’espérer

Durant le Jubilé 2025, la version numérique de ce livre
est disponible gratuitement sur
www.aebayonne.fr
Un livre-résumé, accessible dès l’âge lycéen, y est également proposé
(parution mars 2025).
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« Soyez toujours prêts à répondre, mais avec douceur et respect, à quiconque vous demande raison de l’espérance qui est en vous. »
Cette phrase de saint Pierre a traversé les siècles et enthousiasmé un grand nombre de chrétiens. Il appartient à chaque génération de la reprendre à son compte.
Effectivement, l’espérance est notre trésor. À l’intime de nos cœurs se trouvent de précieuses certitudes, particulièrement celles-ci : la vie est plus forte que la mort et l’amour est plus grand que nos fragilités. La vie et l’amour auront le dernier mot. Cette espérance nous vient directement de Dieu. Il est Lui-même Vie et Amour.
Tout cela a des conséquences concrètes, dès maintenant. En se connectant à cette Source débordante de vie et d’amour, nous avons un puissant moyen de garder la jeunesse de cœur et d’aller chaque jour de l’avant.
Pourtant, si l’espérance dépend de Dieu, le développement des sciences n’a-t-il pas rendu caduque l’idée d’un Créateur ? Et si Dieu existe, pouvons-nous affirmer qu’Il est Amour, alors que le mal est tellement présent dans notre monde ?
Introduction
« Soyez toujours prêts à répondre, mais avec douceur et respect, à quiconque vous demande raison de l’espérance qui est en vous ».
Cette phrase de saint Pierre a traversé les siècles et enthousiasmé un grand nombre de chrétiens. Il appartient à chaque génération de la reprendre à son compte.
Effectivement, l’espérance est notre trésor. À l’intime de nos cœurs se trouvent de précieuses certitudes, particulièrement celles-ci : la vie est plus forte que la mort, l’amour est plus grand que toutes nos fragilités, la vie et l’amour auront le dernier mot.
Cette espérance nous vient directement de Dieu. On le comprend :
-
- Le Seigneur est Lui-même Vie. Il possède l’existence en plénitude et demeure l’origine de toute autre vie. Jésus affirme d’ailleurs qu’Il est le Chemin, la Vérité et « la Vie »
- Le Créateur est également Amour. C’est l’une des affirmations centrales du Nouveau Testament. Il y a même une Personne en Dieu qui a comme nom Amour ou Don : l’Esprit-Saint.
Pour cette raison, Dieu peut assurer la victoire de la vie et celle de l’amour. En réalité, ces deux n’en font qu’une. C’est pour ainsi dire sa victoire « personnelle ».
Une Source à notre disposition
Tout cela a donc des conséquences concrètes, dès maintenant. Dans l’un de ses écrits majeurs, saint Jean-Paul II notait :
L’homme ne peut vivre sans amour. Il demeure pour lui-même un être incompréhensible, sa vie est privée de sens s’il ne reçoit pas la révélation de l’amour, s’il ne rencontre pas l’amour, s’il n’en fait pas l’expérience et s’il ne le fait pas sien, s’il n’y participe pas fortement.
Recevoir et offrir l’amour constitue effectivement le sens de notre existence et demeure la plus grande des joies humaines.
Ce que nous comprenons par amour, c’est cette force qui incline à vouloir le bien de l’autre2. Grâce à lui, nous nous réjouissons que l’autre existe3. Nous désirons son bonheur et y travaillons lorsque nous le pouvons. Nous voulons rendre l’autre plus intensément vivant, lui faisant savourer les richesses de l’existence. L’amour nous fait donc dire : « Il est beau que tu vives, je veux te rendre encore plus vivant, si cela est possible ». Dans certains cas, il ne se contente pas d’enrichir une vie déjà existante : il la fait naître. Aimer se concrétise de façon très variée au sein d’un couple, d’une famille, d’un groupe d’amis, auprès des pauvres, dans la vie spirituelle… En un mot : la vie existe pour faire jaillir l’amour et l’amour fait à son tour jaillir la vie.
Hélas, dans notre monde il n’est pas du tout évident d’être fidèle à la cause de l’amour, comme le montre l’expérience : que d’égoïsmes, de rivalités, de divisions, de violences, d’injustices, etc. La faiblesse de notre cœur parfois incliné au mal peut susciter des germes de mort. Là où l’amour recule, la mort avance d’une manière ou d’une autre : laisser l’autre blessé ou isolé, c’est de fait le rendre moins intensément vivant. Finalement, combien de morts directement causées par les hommes !
À présent, nous percevons la nouveauté de l’espérance : grâce au Christ, nous pouvons vraiment croire en la vie et en l’amour. La vie n’est pas seulement une réalité fragile en nous. L’amour non plus. La vie et l’amour sont capables de vaincre, car ils sont d’abord des forces divines et donc infinies, auxquelles nous pouvons nous « connecter ».
De ce fait, dès maintenant, l’amour peut souvent l’emporter dans nos existences : dans une certaine mesure, nous sommes capables de participer à cette victoire de l’amour, car nous n’avons pas à puiser seulement dans nos capacités limitées. Il est possible de s’appuyer sur plus grand que nous-mêmes et dépasser ainsi les inévitables difficultés à aimer. Les obstacles ne seront pas nécessairement supprimés, mais nous aurons plus de force pour les surmonter. De cette façon, chacun est appelé à devenir progressivement presque « transparent » à l’amour : ce sont les saints qui le réalisent le mieux.
Aujourd’hui et demain
Selon la foi chrétienne, cette victoire de l’amour ne sera pleinement visible qu’à la fin de l’histoire des hommes. Nous laisserons derrière nous mesquineries, injustices et guerres. Il en est de même pour la victoire définitive de la vie : beaucoup peuvent expérimenter la vie avec grande intensité, la « vie en abondance » évoquée par le Christ, mais la mort reste un passage obligé vers l’éternité bienheureuse. Alors seulement, la vie l’emportera à jamais. Ce sera la mort de la mort, un monde changé en profondeur :
Alors j’ai vu un ciel nouveau et une terre nouvelle, car le premier ciel et la première terre s’en étaient allés et, de mer, il n’y en a plus. Et la Ville sainte, la Jérusalem nouvelle, je l’ai vue qui descendait du ciel, d’auprès de Dieu, prête pour les noces, comme une épouse parée pour son mari. Et j’entendis une voix forte qui venait du Trône. Elle disait : « Voici la demeure de Dieu avec les hommes ; il demeurera avec eux, et ils seront ses peuples, et lui-même, Dieu avec eux, sera leur Dieu. Il essuiera toute larme de leurs yeux, et la mort ne sera plus, et il n’y aura plus ni deuil, ni cri, ni douleur : ce qui était en premier s’en est allé ». Alors celui qui siégeait sur le Trône déclara : « Voici que je fais toutes choses nouvelles ». (…) Il n’y aura plus de nuit.
Ces mots se trouvent à la fin de la Bible, dans le livre de l’Apocalypse.
L’espérance est donc la certitude que Dieu veut nous faire participer à sa Vie et à son Amour dans l’éternité. Cependant, elle est aussi l’assurance que le Seigneur nous propose son aide chaque jour pour que nous prenions part dès maintenant, autant qu’il est possible, à la victoire de la vie et de l’amour3. Soyons donc intensément vivants, car intensément aimants !
Comprenons bien que cette Source est à notre disposition aujourd’hui, car le Christ l’a déjà acquise pour nous. Par sa mort et sa Résurrection, le Christ a engagé sa personne dans cette immense confrontation de la vie et de la mort, de l’amour et du péché – et Il a déjà vaincu. Son nom Jésus, qui signifie « Dieu sauve » en hébreu, dit bien qu’Il a fait le nécessaire pour nous délivrer du mal. C’est pourquoi nous pouvons dès à présent être emportés dans ce mouvement victorieux : « Nous sommes les grands vainqueurs grâce à Celui qui nous a aimés ». Notre plus grande force réside donc dans la connexion « haut débit » au Seigneur victorieux, dans cette amitié jour après jour avec le Christ. Insistons sur ce point : la connexion à l’Amour prend effectivement la forme d’un amour. De fait, la vie et l’amour ne sont pas des idées séduisantes, mais un Dieu à qui se donner de tout son être dans une amitié vivifiante.
L’espérance instille alors une joie « printanière », elle offre une énergie renouvelée. Être certain de la victoire constitue effectivement un encouragement pour avancer : « Le présent, même un présent pénible, peut être vécu et accepté s’il conduit vers un terme et si nous pouvons être sûrs de ce terme, si ce terme est si grand qu’il peut justifier les efforts du chemin ». L’espérance s’avère ainsi l’un des plus puissants moyens pour nous engager chaque jour et garder la jeunesse de cœur, tenant loin de nous lassitude ou désespoir, comme nous le verrons dans l’épilogue.
Une éclipse de l’espérance
Inversement, si la lumière de l’espérance n’habite pas nos cœurs, nous risquons de voir notre existence comme une étincelle entre deux néants : au mieux une étincelle surgie magnifiquement, mais sans avenir, au pire une expérience absurde. Si Dieu n’existe pas, nous sommes venus du hasard, puis nous mourrons avant que l’univers ne subisse par exemple une « mort thermique », une destinée totalement froide et obscure. Cela signerait la fin de tout ce qui nous réjouit. Si Dieu n’existe pas, toute vie est condamnée d’avance. Quant à l’amour, il ne peut dépasser les limites de nos cœurs. L’éclipse de Dieu est aussi celle de l’espérance.
Ces réflexions rappellent l’histoire de Guillaume, vécue il y a quelques années. Dans son enfance, suite à une dispute avec sa catéchiste, il avait cessé de se poser la question de l’existence de Dieu. Concrètement, il avait « décidé » que Dieu n’existait pas. Il en avait logiquement conclu que nous n’avons qu’une seule vie, terrestre et mortelle. Cette idée eut d’immenses conséquences au moment de son adolescence.
À vrai dire, Guillaume a été conduit à penser que son existence n’avait aucune signification. Il témoigne sur sa chaine YouTube :
Je ne construisais rien durant cette vie, en tout cas rien qui avait du sens, puisque j’allais mourir. Et, à côté de cela, les perspectives d’avenir qu’on me proposait me semblaient complètement absurdes, et surtout déconnectées de la réalité dont je faisais l’expérience. C’est-à-dire qu’on me disait de travailler, de me marier (…), et puis de mourir !
Selon lui, même si sa vie avait pu durer mille ans, on n’aurait fait que reculer le problème. Sa détresse était si grande qu’il a cherché des « anesthésiants » afin d’oublier la question du sens de l’existence. Il s’est jeté dans la drogue, l’alcool et les aventures amoureuses à peu de frais. Pour remédier à la tristesse, Guillaume a cherché des moyens qui, en fin de compte, l’ont rendu encore plus triste. L’effet anesthésiant était temporaire, révèle-t-il. Les questions revenaient en lui encore plus fortement. C’était alors un vide et un désespoir toujours plus profond. Il passa ainsi les cinq années les plus difficiles de sa vie.
La crise a commencé à se dénouer au lycée, lors de son année de pre-mière : Guillaume rencontra un témoin du Christ dont la vie était inspi-rante. Commença alors un cheminement dans lequel il finit par vouloir re-mettre toute sa vie entre les mains du Seigneur.
Ce témoignage n’est pas sans rappeler celui d’un immense scienti-fique et penseur chrétien du XVIIème siècle, Blaise Pascal :
En voyant l’aveuglement et la misère de l’homme, en regardant l’univers muet et l’homme sans lumière, abandonné à lui-même, et comme égaré dans ce recoin de l’univers, sans savoir qui l’y a mis, ce qu’il y est venu faire, ce qu’il deviendra en mourant, incapable de toute connaissance, j’entre en effroi comme un homme qu’on aurait porté endormi dans une île déserte et effroyable, et qui s’éveillerait sans connaître où il est, et sans moyen d’en sortir. Et sur cela j’admire comment on n’entre point en désespoir d’un si misérable état.
Pascal illustre bien ce qu’il y a de tragique dans un monde que la lumière de Dieu n’éclaire pas : cet univers est tout simplement incompréhensible, aucun sens ne s’imposant. Pascal poursuit en remarquant que les autres hommes, livrés eux aussi à leurs seules forces, n’arrivent pas à une meilleure conclusion. Refusant alors de faire de sa vie un divertissement sans signification profonde, Pascal se met en quête d’un Créateur : « J’ai recherché si ce Dieu n’aurait point laissé quelque marque de soi [quelque signe de sa présence ».
Une enquête pour les jeunes
Heureusement, tous ceux qui pensent que Dieu n’existe pas ne tombent pas dans un désespoir quotidien.
Il reste que, si l’on tire toutes les conséquences d’une absence de Créateur, nous devons affirmer que le monde n’a pas la capacité d’offrir à tous un sens à leur vie – et encore moins une espérance plus forte que la mort. C’est pourquoi il paraît opportun de vérifier qu’un autre chemin n’existe pas. Puisque le christianisme propose au contraire un sens et une espérance, prenons les moyens d’en éprouver la cohérence – de vérifier s’il est crédible. D’ailleurs, comment pourrions-nous adhérer à un message donnant des ailes, mais peu fiable ? Ce serait probablement un manque d’honnêteté ou de courage face à une certaine dureté de la vie. En réalité, le christianisme ne se comprend pas hors d’une recherche de ce qui est vrai, solide : « Oui, il me semble que je n’ai jamais cherché que la vérité », confia sainte Thérèse de Lisieux dans l’une de ses dernières paroles.
Pour celui qui veut vérifier la crédibilité de l’espérance chrétienne, les questions ne manquent pas.
De fait, le développement des sciences n’a-t-il pas rendu caduque l’idée d’un Créateur ? De plus, si le Seigneur existe, pouvons-nous affirmer qu’Il est Amour, alors que le mal est tellement présent dans notre monde ? Aux catastrophes naturelles, maladies et deuils s’ajoute tout le mal direc-tement causé par l’homme, envahissant l’histoire et l’actualité.
Enfin, même si certaines difficultés sont résolues, un message néces-site d’être vérifié par l’expérience pour ne pas être considéré comme hors-sol : des témoins à l’itinéraire remarquable nous aideront à y voir plus clair.
Ainsi pourrons-nous mieux comprendre ce que signifie être « Pèlerins de l’espérance », selon la devise du Jubilé de 2025, cette année sainte proclamée par le pape François.
Ces lignes ont été d’abord rédigées pour les étudiants. C’est effectivement à l’aube de la vie d’adulte que l’on fait plus d’un choix déterminant. Le malheur consisterait alors à prendre ses décisions sans avoir les éléments suffisants pour discerner, ou à laisser en friche la question du sens profond de la vie (ce qui parfois est aussi une manière de décider).
Or, parmi les ouvrages sur ces thèmes, peu ont été pensés pour la jeunesse. Cela se comprend bien, car beaucoup de ces questions supposent d’abord d’être d’abord traitées par des spécialistes. Il s’agit donc de relever un certain défi, en présentant les débats de façon à la fois abordable et précise. Bien sûr, ce livre peut rencontrer un public plus large que les étudiants. Il est susceptible de porter du fruit chez des adultes plus âgés. La structure de cet ouvrage rend aussi possible d’utiliser tel ou tel chapitre comme trame lors de « topos » d’aumôneries de jeunes, dès le lycée1.
Concrètement, tout est fait pour que celui qui n’a pas jamais abordé ces thèmes puisse tirer profit de sa lecture : les mots spécifiques sont définis la première fois qu’ils apparaissent et des résumés sont régulièrement proposés, surtout à la fin des chapitres. Dans le même esprit, nous montrons des directions générales sans prétendre être « exhaustif » : ce sera ensuite à chacun de poursuivre l’enquête2. Les résumés permettent aussi au lecteur de rejoindre plus rapidement des chapitres qui l’intéressent davantage, les sujets traités étant assez différents au fil des pages.
En plus de s’adresser d’abord à un jeune public, ce livre sur les raisons de croire a pour spécificité de présenter celles-ci dans la perspective de l’espérance, comme y invite le verset biblique fondateur déjà cité : « Soyez toujours prêts à répondre, mais avec douceur et respect, à quiconque vous demande raison de l’espérance qui est en vous ». Le fait de consacrer symboliquement autant de chapitres aux raisons intellectuelles de croire qu’à leur vérification par l’expérience constitue une autre caractéristique de ce livre. On a aussi cherché à approfondir particulièrement des thèmes comme la création de l’homme.
Dans notre enquête, nous croiserons un certain nombre de personnes ayant beaucoup réfléchi aux sujets scientifiques, à la foi chrétienne et plus généralement au sens de la vie, en y engageant au besoin toute leur personne. Nous écouterons particulièrement le pape Benoît XVI qui a cherché à montrer combien la foi était amie de la raison, de l’amour et de la joie. L’aura de sa pensée a largement dépassé les frontières du monde catholique.
Le présent livre a donc un goût d’apéritif…Comme tout apéritif, il est donc conseillé de ne pas le boire d’un trait et d’en faire une occasion de discussions avec ceux qu’on aime !