Un ouvrage pour une pratique de la miséricorde

Pratiquer la miséricorde

Etienne Séguier, Pratiquer la miséricorde, Empreinte 2015, 117 pages

 

Selon l’étymologie, « miséricorde » traduit entre autre le mot hébreux rah’amim : entrailles. Avec le latin misericordia : miseria et cor, miséricordieux : celui qui ressent dans son cœur la misère d’autrui. Tendresse et compassion sont au cœur de cette expression. Entrailles dans la pensée biblique est le siège des émotions et des sentiments (Job 28, 5 ; 30, 27, Ge 43, 30 ; Lm1, 20 ; 2, 11, Ex 29, 17, Is 16, 11).

 

Au milieu de la surabondance éditoriale, ce petit livre est singulier. Il invite à vivre l’accueil de la miséricorde de Dieu à partir de nos entrailles. Ainsi le livre propose un parcours sur les grandes émotions : la peur, la tristesse, la colère et la joie. Etienne Séguier propose de laisser parler les émotions. Nous pourrons alors tenter de nous approcher de l’autre pour trouver la bonne proximité avec lui. (Le Bon samaritain Lc 10, 25-37, Le lavement des pieds Jn 13, 1).

 

Et si l’on peut voir sans être vu, entendre sans être entendu, on ne peut pas toucher sans être touché ! Cela implique une sorte de réciprocité (Lc 8, 45, qui m’a touché ?). Le geste de Jésus crée une proximité et réduit les distances entre les êtres. L’internet peut aujourd’hui honorer le voir et l’entendre mais pas le toucher. L’auteur nous met ainsi en garde contre les solidarités désincarnées.

 

Faire preuve de miséricorde ce serait donc être touché, concerné par l’autre et lui venir en aide. La miséricorde est pratique, elle est relation, elle est du côté des mises en œuvre. Elle met l’amour et l’affection du côté du réalisme. Le pardon n’est pas réconciliation, et toute relation connaît des frottements mais l’épreuve n’est pas l’échec.

 

A la fin de la lecture, nous ressentons mieux que la miséricorde divine nous aide à aimer en nous disant :

Aimer : c’est s’approcher

Aimer : c’est accepter d’être touché

Aimer : c’est recevoir la miséricorde de Dieu. Personne ne peut avoir l’ambition de faire miséricorde aux autres, sans recevoir pour soi celle de Dieu.

 

Miséricorde qui est fidélité de Dieu. En effet selon la Bible, le latin misericordia traduit aussi heset ici plus que l’émotion, miséricorde exprime la fidélité à la relation. Une dimension peu exploitée, peut-être pour un tome 2 !

 

 

                                                                                         P Didier NOBLOT