Matrix

MatrixProgrammeur anonyme dans un service administratif le jour, Thomas Anderson devient Neo la nuit venue. Sous ce pseudonyme, il est l’un des pirates les plus recherchés du cyber-espace. A cheval entre deux mondes, Neo est assailli par d’étranges songes et des messages cryptés provenant d’un certain Morpheus.

Celui-ci l’exhorte à aller au-delà des apparences et à trouver la réponse à la question qui hante constamment ses pensées : qu’est-ce que la Matrice ? Nul ne le sait, et aucun homme n’est encore parvenu à en percer les defenses. Mais Morpheus est persuadé que Neo est l’Elu, le libérateur mythique de l’humanité annoncé selon la prophétie. Ensemble, ils se lancent dans une lutte sans retour contre la Matrice et ses terribles agents…

Auteur : Larry Wachowski, Andy Wachowski

Fiche technique :

Nationalité : Américain

Année : 1999

Genre : Fantastique, action

Durée : 2h 15

Interprètes : Keanu Reeves, Laurence Fishburne, Carrie-Anne Moss

Réalisé par : Larry Wachowski, Andy Wachowski

Public : collégiens, lycéens

L’avis de : Robert Culat et François Boëdec

MATRIX : UNE DROLE D’INCARNATION !

Peut-on vraiment comparer Neo, le sauveur informatique du film Matrix, à Jésus, l’anti-héros ? Dans les deux cas, il y a une incarnation, mais pour quel type de salut ?

Pas toujours facile de parler aujourd’hui de l’Incarnation. Surtout entre jeunes. Ce mot bizarre parle d’une histoire vaguement entendue : un Sauveur est venu parmi nous dans notre monde, il a pris « chair de notre chair », comme on dit. Son nom est Jésus, le Messie, c’est-à-dire l’envoyé de Dieu. Celui que l’on attendait depuis longtemps pour sauver l’humanité. Présentée ainsi, la révélation chrétienne n’arrive pas toujours à susciter la curiosité. Est-ce parce que- sans cependant vraiment la connaître- on a l’impression que c’est une histoire complètement irréelle, une peu décalée et sans rapport avec notre vie ? A voir. Allons regarder par exemple du côté des films de science-fiction et des jeux vidéo. Pas besoin de chercher longtemps pour constater combien l’attente d’un « sauvetage-salut » personnel et collectif apporté par un sauveur est au cœur de la plupart des scénarios. Avec l’intérêt et le succès que l’on voit.
J’ai vu l’un des films cultes de ces derniers mois : Matrix. Ce film de science-fiction raconte l’histoire d’un pirate informatique du nom de Neo. Dans un avenir proche, il découvre grâce à Morpheus, chef de la Résistance, que la réalité n’est qu’une immense simulation créée par la Matrice qui réduit l’espèce humaine en esclavage (La scène où des fœtus humains sont exploités pour fournir de l’énergie est impressionnante et pose la question si actuelle du respect de la vie humaine). Pour Morpheus, le doute n’est plus permis : Neo est « l’élu », ce libérateur mythique capable de mettre en échec la Matrice et ses féroces « agents ». La prophétie est sur le point de se réaliser, la lutte va commencer…

Un film plein de références religieuses

A y regarder de plus près, ce film est plein de références religieuses, à commencer par certains noms : la belle Trinity, ou Zion la terre mythique…Mais on y trouve surtout toutes les grandes situations qui peuplent l’univers religieux habituel : l’esclavage et la libération, le choix et la liberté, le rêve et le réel (cf. l’allégorie platonicienne de la caverne), la prophétie (l’oracle avec une citation de l’oracle de Delphes : « Connais-toi toi même ») et sa réalisation, la fidélité et la trahison (cf. Cypher, le Judas du film), la foi et le doute (Morpheus et Cypher comme Lucifer ?), la quête du savoir et la vérité, la fatalité et le destin, l’esprit et la chair. La figure de Neo peut même apparaître comme quasi christique à certains moments. Voici un homme qui ressemble à tous les autres ; pourtant, il va découvrir qu’il a une mission à remplir : lui seul peut sauver le monde (le thème de l’élection ; il est l’Elu). A plusieurs reprises, il choisit librement d’aller plus loin dans l’acceptation de cette mission. Cela passe pour lui à une sorte de naissance à une vie nouvelle, la vraie vie, où il prend conscience à la fois de sa véritable origine et de sa propre chair (cf. le choix de la pilule et la scène de renaissance « baptismale » qui s’en suit, Jean 3, 3). Cette incarnation s’opère en vue du sauvetage de l’humanité tenue en esclavage. On pourrait presque parler de « rédemption », si on voulait utiliser un vocabulaire chrétien. L’enjeu est bien que les gens quittent le monde virtuel et habitent leur humanité (le film souligne à quel point la majorité ne veut pas s’engager dans ce chemin difficile de clairvoyance et de libération !). La vie libre, c’est de vivre dans le monde tel qu’il est vraiment, même cabossé. En le cherchant puis en le reconnaissant comme l’Elu, Morpheus prend des allures de Jean Baptiste qui annonce, révèle et prépare la mission de libération de Neo (comme Nouveau Testament ou Nouvelle Alliance). Celui-ci doute et souffre. Il est même tenté de tout arrêter, et pourtant il commence peu à peu à croire qu’il est l’élu. En fait, il le devient quand il y croit. Sa force n’est pas d’abord dans les armes, comme on pourrait le penser lorsqu’il libère Morpheus, mais plutôt dans la maîtrise de la réalité qu’il va finir par acquérir. Et au bout du compte, c’est bien l’amour qui, en arrêtant le mouvement de la mort, le ramène à la vie (mystère pascal). La scène finale peut évoquer quant à elle l’Ascension…

Un autre type de force

Où s’arrête pourtant la ressemblance ? Si dans les deux cas, l’incarnation vise à un « salut », le chemin pour y parvenir diffère. Neo apparaît nettement comme le héros qui parvient à dominer ses adversaires par le contrôle qu’il va avoir du réel, jusque dans la connaissance du jiu-jitsu. Il y est peu à peu initié, mais il n’acquiert pas son savoir-faire patiemment comme un être humain. On lui installe un programme dans le cerveau comme on met un nouveau logiciel sur un ordinateur. Le Christ, lui, prend du temps- les 30 ans de sa vie cachée- pour se préparer à sa mission. Il tient plutôt de l’anti-héros qui refuse d’utiliser les mêmes armes que ses adversaires pour gagner la partie. Il ne s’agit pas pour lui d’acquérir la toute-puissance, mais de montrer que la victoire définitive, la seule qui sauve le monde, passe par le don de lui-même. Sa faiblesse n’est qu’apparente : elle permet en fait que se libère la force extraordinaire de l’amour. La connaissance qu’il a n’est pas un savoir qu’il devrait garder pour lui et qui lui donnerait pouvoir sur les autres. Elle est une bonne nouvelle à partager, une invitation faite à tous les hommes d’entrer à sa suite dans la découverte de cette force de l’amour. Situation bien différente de celle où notre sauveur informatique s’apprête, avec une poignée de fidèles, à sauver les hommes malgré eux. Ce ne sont que quelques pistes de réflexion. Il y en a encore plein d’autres à creuser sur l’incarnation à partir de Matrix. Seul ou en groupe. N’hésitez pas à faire part de vos réactions sur ce que ce film vous fait comprendre de l’aventure de Dieu dans l’histoire. Il y a peut-être des choses auxquelles vous n’auriez jamais pensé. Notamment en comparant notre héros fantastique avec ce que vous savez et croyez de Jésus le Christ.