Les législatives 2022 : Avec Robert Schuman, retrouver le sens du politique !

Robert Schuman, un modèle de député

Nous souhaitons présenter aux jeunes un modèle qui pourrait réconcilier ceux qui ne croient plus à l’action publique : Robert Schuman.

L’ouvrage récent de Ghislain Knepper : « Robert Schuman, la politique pour vocation », (Editions Salvator, février 2022) nous explique comment l’un des pères de l’Europe conciliait sa foi et son engagement politique.

Avant d’être chef du gouvernement français et initiateur de la Communauté européenne par la déclaration du 9 mai 1950, Robert Schuman (1886-1963)  fut député de la Moselle. Comme député, il accomplit une tâche considérable dans la réintégration législative des provinces recouvrées, avec le souci de préserver leur âme chrétienne.

♦ Prenez le temps de lire  les réflexions de Ghislain Knepper, Auteur de Robert Schuman : la politique pour vocation (Salvator, 2022)

La figure de Robert Schuman (1886-1963), père de l’Europe communautaire, pourrait peut-être réconcilier quelques-uns avec la chose publique. Il ne s’agit pas ici de faire l’apologie de sa pensée, ni de se lancer dans un plaidoyer pour défendre l’idée européenne, mais de considérer sa manière de vivre ses mandats politiques. Certains l’ont accusé injustement de naïveté ou l’ont couvert d’opprobre en raison de sa sensibilité chrétienne un peu trop visible dans une France laïque.

Il est entré en politique en 1919 à l’appel du devoir et sans faire campagne, dans le seul but de « sauver l’âme de la Lorraine » d’une réintégration juridique forcée après près de cinquante ans de rattachement à l’Empire allemand. À cette époque, le député Schuman avait la même vision de la politique que la plupart de nos contemporains, la qualifiant volontiers de « grande dame aux mœurs douteuses qui trop souvent compromet ses amis ». Conscient que la politique est « un métier qui s’apprend comme un autre », il fut un parlementaire laborieux, un travailleur acharné, fréquentant davantage les bancs du Palais-Bourbon que les tables des cafés alentours. Il considérait ses collaborateurs et ses opposants avec la même courtoisie.

Dans les débats les plus houleux, il savait garder son sang-froid et retourner sur le terrain des froides réalités, afin de ne pas tomber dans la critique personnelle facile. Il avait la même considération pour un grand homme d’État que pour ses concitoyens les plus modestes. Il ne cherchait pas à briller en public par de grands discours : il se trouvait lui-même piètre orateur, un comble pour l’avocat qu’il était. Il n’a jamais fait carrière en politique : il conserva son métier d’avocat pour que la politique ne devienne pas un gagne-pain, il n’a jamais profité de ses mandats pour satisfaire des besoins personnels et savait remettre son destin entre les mains des électeurs à l’heure du suffrage sans faire montre de stratégie électoraliste. Avant tout, il sut garder son intégrité et sa rectitude : on le surprit un jour à dire : « On ne doit pas mentir… surtout en politique. » À un jeune de son parti qui lui demandait conseil, il répondit : « Être droit est la meilleure manière d’être adroit. »

Devenu ministre, il refusa tous les privilèges de ses fonctions : il proposa à la famille de son secrétaire personnel d’occuper son logement de fonction et s’acheta une petite sous-pente où il demeura plusieurs mois sans chauffage et qu’il meubla sommairement, il refusa qu’on mette à sa disposition une secrétaire de fonction et n’utilisa jamais sa voiture ministérielle. Il s’amusait à dire qu’il n’avait « jamais vu un homme politique garder son sang-froid à partir du moment où il avait des motards autour de sa voiture ». Lui-même voyageait par les transports en commun et, dans sa région, il lui arrivait de se déplacer en autostop. Ce style hors du commun, déjà de son temps, découle de l’éducation chrétienne reçue dans sa jeunesse et de sa volonté ferme de « faire le bien ».

Robert Schuman nous donne l’image touchante d’un homme politique sincère, intègre et simple, d’un homme enraciné dans le réel, proche des gens. Il nous montre que la politique, avant d’être une course aux plus hautes fonctions de l’État, est d’abord le lieu du service humble et désintéressé des réalités quotidiennes. Son exemple est une invitation à retrouver foi en la politique !

RÉSUMÉ

Député de la Moselle, plusieurs fois ministre et chef de gouvernement sous la IVe République, Robert Schuman (1886-1963) exerça aussi les fonctions de président de la première assemblée parlementaire européenne qui lui donna officiellement le titre de « Père de l’Europe » en 1960. Fervent catholique, il s’engagea en politique après avoir songé à la vie religieuse. Un ami lui prédit sa vocation de « saint en veston ». Il resta célibataire toute sa vie, entièrement consacré au service du bien commun. Pour le cinquantième anniversaire de sa mort, le pape François avait souhaité que « l’Europe puisse, poursuivant l’intuition de Robert Schuman, prendre toujours mieux conscience de sa véritable identité et de son héritage spirituel ». Ce premier portrait spirituel de l’homme politique chrétien s’appuie sur des documents de première main et sur des témoignages inédits d’hommes et de femmes qui ont connu Robert Schuman. AUTEUR Originaire de Lorraine, Ghislain Knepper est cadre financier dans l’administration territoriale. Membre de l’institut « Saint Benoît patron de l’Europe » qui porte la cause de béatification de Robert Schuman, il a travaillé à la Maison de Robert Schuman à Scy-Chazelles. Depuis plusieurs années, il donne des conférences et publie des articles sur cette grande figure politique.

♦ 2021 : Robert Schuman est déclaré vénérable

♦ Pensée politique et spiritualité

La vie de Robert Schuman manifeste l’unité profonde entre la foi, la pensée et l’action. Elle démontre que l’activité politique est tout à fait compatible avec la fidélité aux valeurs chrétiennes. Il a fait l’acte de total abandon à Dieu, pour lui servir d’instrument docile dans l’édification, sur terre, du Royaume des Cieux et de sa justice. Sa foi est de sensibilité mariale, héritage d’une mère admirable, dont l’influence sur son fils unique a été déterminante !

La pensée de Robert Schuman  est structurée par le thomisme. Son action vise à restaurer et à consolider la paix entre les peuples. « C’est à vous qu’on doit l’amitié qui unit nos deux pays », lui écrit le Chancelier Adenauer en 1962. Dans son esprit, la Communauté européenne est une œuvre de paix. Elle rend impossible la guerre entre des pays qui se sont entre-déchirés pendant des siècles. Elle peut servir d’exemple à d’autres régions du monde. « L’Europe unie préfigure la solidarité universelle de l’avenir », écrit-il en 1960. Un monde ainsi structuré facilitera la paix et la solidarité entre pays riches et pauvres, le désarmement et la sauvegarde de la Création.

Robert Schuman est un de ces artisans de paix que le Seigneur appelle « fils de Dieu » (Mt 5, 9). Il peut servir de modèle pour les législateurs et les hommes d’Etat de l’avenir. Sa vie confirme l’enseignement biblique que Dieu a besoin d’instruments humblement abandonnés entre ses mains, pour édifier la cité terrestre promise aux bénédictions célestes. Elle illustre ainsi ce qu’on a appelé « la sainteté politique ». Les peuples ont besoin d’exemples comme Robert Schuman, qui font « ce qui est juste aux yeux de Dieu » (1 R 22, 43), Père de tous les hommes.

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