Les enjeux à long terme de la crise Covid sur les ados

Deux ans de ta vie à 12 ans, 15 ou même 18 … c’est beaucoup ! Comment imaginer que la crise sanitaire, au-delà des soucis petits ou grands qu’elle suscite au jour le jour, ne soit pas porteuse, aussi, de conséquences à plus long terme sur la croissance des adolescents ?

Les quelques éléments de réflexion qui suivent sont issus d’une rencontre de l’équipe nationale de pastorale des adolescents, qui accompagne le SNEJV. Pour évoquer ce sujet, l’équipe s’est adjoint le regard professionnel de Valérie Bouillie, membre de l’association nationale des psychologues de l’enseignement catholique.

Trois phénomènes marquent cette période, et en particulier le temps des confinements :

    • La déstructuration du cadre de vie avec ce que celui-ci comprend normalement comme points de repères spatiaux (l’école, le stade, la maison etc.) et temporels (au fil de la journée, de la semaine, de l’année). Il s’en suit des difficultés de concentration, de réveil, mais aussi des dépressions, crises suicidaires, violences familiales etc.
    • Des changements dans les modes de relation : encore plus de réseaux sociaux, avec des images, ou simplement des messages vocaux, alors que les adolescents ont fortement besoin de se retrouver, de se toucher. On a pu voir ainsi croître encore le phénomène de cyberharcèlement ; lors du retour à l’école les éducateurs ont dû faire face à des situations imprévues qui avaient couvé durant le confinement.
    • Le climat anxiogène, préexistant, reflet des peurs véhiculées par les médias, l’entourage, les parents, s’est considérablement alourdi. Le message implicite devient souvent : c’est dangereux de rencontrer des gens. On peut ajouter à cette peur une forme de culpabilité, puisque les jeunes ont beaucoup été accusés de véhiculer le virus, au risque de le transmettre aux personnes âgées ou fragiles de leur entourage.

Face à cela, les réactions des jeunes sont bien sûr variables. Beaucoup vont bien, heureusement, traversent ou semblent traverser les événements tranquillement, avec une remarquable capacité d’adaptation. Cependant, les psychologues observent quelques tendances fortes :

    • Un retard des plus jeunes dans leur processus d’autonomisation. Les premières années de collège représentent souvent le début d’une sociabilisation nouvelle, de temps passé chez les copains, de trajets accomplis seuls etc. Pour beaucoup, elles auront été encore vécues dans le cocon familial. Tout le processus de construction, d’affirmation de soi, est rendu plus fragile. Les psychologues témoignent, pour les cas les plus difficiles, d’une recrudescence de phobies scolaires chez les adolescents.
    • Chez les plus grands, on observe une difficulté à se projeter. L’irruption de l’inattendu, l’obligation de rester chez soi, l’annulation des événements ont conduit certains à une forme de passivité, une tendance à subir sa vie. Ils ont du mal à organiser leur vie, à avancer, faire des projets.

Il ne s’agit pas pour autant de désespérer de ces jeunes. Ils disposent, on le sait bien, d’une énergie vitale, d’une capacité de résilience, qui permettra au plus grand nombre de dépasser cette épreuve. Cependant, il sera utile aux acteurs pastoraux, éducateurs auprès des adolescents, de garder en tête ces quelques points afin d’accompagner les jeunes dans leur croissance.

Une écoute vigilante, toujours nécessaire, sera plus encore la bienvenue, attentive aux fragilités nouvelles. Dans les divers lieux pastoraux (aumônerie, école, patronage, groupe scout … ), il sera bon d’entretenir un climat paisible et bienveillant, qui s’efforce de maintenir les peurs à l’extérieur et de travailler à une forme de ré-assurance … utile aux jeunes comme à bien des adultes !

On a beaucoup évoqué depuis le synode de 2018 tout l’intérêt de « faire avec » les jeunes, de les rendre acteurs : voilà une belle façon de les aider à grandir en autonomie, à rattraper un début d’adolescence un peu chaotique.

Les rendre acteurs, c’est aussi leur montrer que malgré les contraintes, les incertitudes, on peut avancer, on peut faire des projets, les mettre en œuvre, les adapter si besoin, mais en tout cas aller vers l’avant.

Voilà une mission délicate mais belle qui attend les acteurs auprès des jeunes pour les prochaines années !

Troubles anxieux, dépressions… Les étudiants particulièrement affectés par la crise sanitaire

◊ Article du Journal Le Monde, 03 janvier 2022, par Léa Iribarnegaray

Après un tremblement de terre, les spécialistes s’inquiètent toujours des répliques à venir, susceptibles de provoquer un tsunami. Dans le cas de l’épidémie, à la suite des confinements successifs qui ont fragilisé la santé mentale des étudiants, psychiatres et psychologues voient surgir chez ces jeunes une nouvelle vague de troubles anxieux et dépressifs, de plus en plus difficile à contenir.

« Sur tout le territoire, on commence à revivre la saturation de demandes de
consultations psy qu’on a connue en octobre 2020 », observe Laurent Gerbaud, président de l’Association des directeurs des services de santé universitaire (SSU) et médecin directeur du pôle santé handicap étudiants à l’université Clermont-Auvergne. « On est plein, plein, plein », lâche Christophe Ferveur, psychologue de la Fondation santé des étudiants de France, à Paris. « Les sollicitations sont exceptionnellement élevées pour la période – entre 30 % et 50 % de plus que d’habitude, déplore le professeur d’épidémiologie Christophe Tzourio, directeur de l’espace santé étudiants de l’université de Bordeaux. Et cela ne représente que la toute petite partie émergée de l’iceberg : ceux qui savent que nos services existent et qui ont la capacité de faire ce geste compliqué de demander de l’aide. »

Le Synode sur la synodalité

Le Service civique dans l'Eglise

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