Le secret de confession, par Thomas Poussier, supérieur du séminaire d’Aix

Nous conseillons à votre lecture le très bon livre du Père Thomas Poussier sur le secret de la confession.  Thomas fut longtemps  actif dans nos réseaux  comme aumônier des étudiants à Aix-en-Provence. Depuis septembre dernier, il est désormais Supérieur du Séminaire Saint-Luc d’Aix. L’énoncé de l’ouvrage est clair : signe de la miséricorde infinie de Dieu, le sacrement du pardon suppose un secret absolu. Pour autant, il ne supprime pas la nécessaire exigence de justice et de réparation due aux victimes.

 « Le secret de confession n’est pas une règle de l’institution, une modalité ordinaire dont on pourrait disposer librement, en fonction des nécessités… C’est un signe concret et sans cesse actualisé de l’espérance de Dieu pour les hommes. Garder le sceau du secret de confession, ce n’est pas taire les crimes, les délits ou les péchés, c’est permettre que chaque personne qui le désire et le demande voie s’ouvrir à elle un chemin personnel de réconciliation et de miséricorde »

Ces mots sont à mettre en relation avec le discours de clôture de l’Assemblée plenière de Lourdes de ce 26 mars au cours duquel Monseigneur Eric de Moulins-Beaufort s’adressait aux prêtres : « Dans le sacrement du pardon, vous approchez au plus près du mystère des âmes et du péché. Vous êtes témoins du travail de l’Esprit-Saint qui rend un être humain capable de désigner le mal qu’il fait et de choisir de ne pas en rester prisonnier en se mettant sous la force du Christ. Vous êtes les témoins et les agents de l’infinie patience de Dieu qui travaille parfois lentement dans le cœur des pécheurs pour les détacher du mal. Le secret de la confession n’est en rien complicité avec le mal et moins encore complaisance pour des confidences étonnantes. A travers nous, le pénitent s’adresse à Dieu et nous sommes les signes de l’écoute indéfiniment disponible du Dieu vivant. »

Après avoir redit l’importance du secret professionnel dans de nombreux domaines de la vie profane, « un des plus importants modes de protection des hommes et de régulation de la vie en société », Thomas Poussier insiste sur  la spécificité du secret de confession et sur son absoluité.

En effet, « dans ce « cœur-à-cœur » entre l’homme et Dieu qu’est finalement la confession, le prêtre est le signe visible, le représentant de Dieu, celui qui rend Dieu présent au pénitent. C’est pourquoi ses lèvres sont scellées à tout jamais. Ses oreilles ont entendu ce qui était destiné au cœur de Dieu ».  On peut dire : « à miséricorde absolue, secret absolu ».

On se souvient des mots du Pape François (mai 2019) : « La confidentialité inviolable de la confession provient directement du droit divin révélé et plonge ses racines dans la nature même du sacrement, au point de n’admettre aucune exception. »

Une fois posé ce principe théologique qui ne souffre ni exception ni prescription, il faut établir une distinction nette avec toutes les autres situations pastorales comme, par exemple, l’accompagnement spirituel, où « le prêtre a la possibilité de dénoncer les actes pédocriminels dévoilés ». « Cette différence, précise en note l’auteur dans une formule bien trouvée, illustre bien les deux postures distinctes de l’accompagnateur (qui se souvient) et du confesseur (qui oublie). »

En effet, le secret de confession « peut engendrer dans l’opinion le sentiment d’une possible impunité offerte à un criminel ». Ceci le conduit à proposer « de(s) pistes pour rendre justice malgré la sauvegarde du secret absolu de la confession ». Il suggère par exemple de renvoyer le pénitent à des instances au for externe.

Là encore, on peut penser au Motu proprio « Vous êtes la lumière du monde », publié le 7 mai 2019 dans lequel le pape François enjoint à tous de dénoncer les faits d’abus sexuels, rompant au besoin le secret professionnel pour collaborer avec la justice nationale. C’est en ce sens qu’il a levé le secret pontifical qui porte sur les dossiers de gouvernement à propos des affaires d’abus sexuels.

L’auteur aborde d’autres sujets difficiles comme la présomption de la contrition ou la possibilité de différer l’absolution.  L’ouvrage se termine par deux annexes utiles. La première opère une distinction entre trois termes parfois confondus : la confession, l’accompagnement spirituel et l’entretien psychologique. La seconde traite en une quinzaine de pages de « la chasteté du confesseur ».

Merci pour la justesse et l’équilibre des propos tenus. On comprend davantage que « le secret n’est pas le silence ».

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