« Le discours communautaire me semble dangereux et faux »

Synode sur la Nouvelle Évangélisation – Intervention du mercredi 10 octobre après-midi

« L’Église dans le monde de ce temps a la mission d’annoncer l’Évangile aux hommes de cetemps.

En 50 ans, la notion de " monde" est passée du singulier au pluriel : nous sommes dans unmonde globalisé certes, mais aussi éclaté. D’où un enjeu essentiel, celui de l’unité, de lacommunion, des sociétés, des personnes, et bien sûr de l’unique Église de Jésus-Christ.En 2012, tout au moins en Occident, l’Église catholique se sait distincte de la société; présenteen elle, mais sans totalement la recouvrir.

Tout comme le Seigneur se met à l’écoute de ce qui est dit de lui: " pour les hommes, qui suis-je?" (Mt 16, 13), l’Eglise doit aussi entendre ce qui est dit d’elle; elle est moins celle qui se donneune identité que celle qui la reçoit: de son Seigneur avant tout, mais aussi de ce que les hommesdisent d’elle.

Je pense que le terme de communauté ne doit pas être employé de manière exclusive. Parmiceux qui suivent le Seigneur, dans l’Evangile, il y a les disciples, mais il y a aussi les foules.Les évêques ne peuvent s’adresser qu’au seul premier groupe, à la suite du Seigneur, ils parlentà tous, particulièrement aux autres.Le discours communautaire me semble dangereux et faux s’il est le seul dans lequel nous noussituons.

Le monde a changé, et aussi la place de l’Église dans le monde; rêver d’un retour de lachrétienté est un leurre, une illusion, et repose sur la sacralisation d’une forme historique de laprésence de l’Église catholique. L’Église ne doit pas craindre de se montrer au monde, de s’exposer au regard de la société.
Celle-ci doit alors, dans ses institutions, ses finances, sa manière de se dire avec clarté, être untémoin audible et crédible.Il s’agit de se tourner vers l’avant, de vivre et de dire ce qui fait la joie de l’Église: son Seigneur. "

Mgr Pascal Wintzer, archevêque de Poitiers.