Être des serviteurs de la communion… eucharistique !
En bonne théologie, on aime utiliser une conjonction de coordination, petite mais très importante : la conjonction « ET ».
Elle nous permet d’approcher au mieux le mystère du Christ et le mystère de l’homme : par exemple, elle nous apprend à tenir en Jésus son humanité ET sa divinité, sans les opposer ni les séparer. Ou à tenir en l’homme le travail de la grâce ET de la nature, sans non plus les opposer ni les séparer.
Ces jours-ci, on pourrait utiliser cette conjonction ET pour accompagner les jeunes dans leur vie spirituelle et leurs engagements citoyens : Eucharistie ET service du pauvre. Responsabilité citoyenne ET foi dans le Seigneur. Actes de charité ET paroles de charité.
Car, reconnaissons que depuis quelques jours, à la faveur de ce nouveau confinement puis de la décision du Conseil d’Etat en réponse à la demande des évêques, les choses se sont un peu emballées, avec parfois des incompréhensions, des jugements hâtifs. Les jeunes disent leur soif, s’expriment parfois maladroitement mais avec passion sur des sujets fondamentaux (en relation à l’église, aux sacrements, au pouvoir civil, à la laïcité…), ils sont en recherche de repères. Ce nouveau confinement convoque à nouveau la Parole de Dieu et la Sagesse de l’Eglise. Comme le soulignent certains aumôniers, cette épreuve peut aussi être paradoxalement une aubaine pour l’évangélisation.
Nous sommes serviteurs de la communion et de la rencontre du Christ : Faisons grandir en eux l’amour de Jésus et de l’Evangile ! Il ne s’agit ni de tièdes ni de séditieux mais de disciples-missionnaires, fidèles au Christ ET à son Eglise (c’est tout un). Dieu est si bon ! Et il est libre ! Nous croyons que dans les semaines qui viennent, en l’absence de célébrations eucharistiques, il trouvera le chemin de nourrir son peuple en lui donnant les grâces dont il a besoin. Car son amour dépasse les sacrements.
Dieu nous fait libre ! Il nous invite à rester fidèle et à ne pas négliger ce don de l’eucharistie, mais à vivre cette communion eucharistique autrement, toujours avec le primat de la charité et en mettant l’amour du Christ au cœur de nos actions, « car sans moi vous ne pouvez rien faire » (Jean 15,5).
La situation de cette fin novembre et de l’Avent qui se profile nous invite en somme à bien accompagner les jeunes (autant que nous le pouvons bien sur…), beaucoup sont en demande : ceux du premier cercle (peut-être un peu plus bruyants actuellement, soyons proches d’eux) ET ceux qui sont loin de l’église et de ses sacrements, ceux qui ne poussent plus la porte de l’aumônerie et que nous devons aller chercher nous-mêmes. Beaucoup de jeunes souffrent de la solitude et des privations de relations amicales : soyons des oreilles attentives. Beaucoup aussi sont prêts à rendre service : trouvons des lieux pour que leur charité s’exprime.
Oui vraiment, nous sommes des serviteurs de la communion… eucharistique. Sur une ligne de crête, avec le souci de rejoindre chacun dans l’étape où le Seigneur l’invite à grandir : amour du frère, amour de l’Eglise, amour du pauvre, amour du Jésus-eucharistie.
Et nous-même, ne nous épuisons pas ! Offrons simplement. Suivant l’invitation de l’Apôtre Paul, dont les mots constituaient l’ossature du remarquable discours de clôture de l’Assemblée plénière des évêques : « Offrez votre corps en sacrifice spirituel, capable de plaire à Dieu » (Romains 12,1). Avec les jeunes, et pour eux, soyons les premiers à offrir nos vies. Et peut-être davantage dans les petits gestes de charité qui font plus de bien plutôt que dans les paroles hâtives qui enferment. Au cœur de ce confinement exigeant pour tous, c’est l’occasion de vivre ce que le Pape François nous redit fréquemment : agis d’abord avec charité, puis parle ensuite.
Nos pères évêques nous invitent à la responsabilité citoyenne ET à la charité en actes, sans jamais omettre la prière confiante : c’est dans tout cela que le Christ se donne à rencontrer. Les évêques accompagnent les jeunes avec beaucoup de sollicitude ; nous reproduisons dans le Nota bene ci-dessous un certain nombre de leurs déclarations et encouragements de ces derniers jours. Nous vous invitons à relayer telle ou telle parole épiscopale auprès des jeunes. Ils en ont besoin.
Toutes ces paroles sont comme un encouragement à nous remettre humblement devant le Seigneur, sans baisser les bras, en l’implorant : Oui Seigneur, durant ces jours et ces semaines qui viennent, apprends-nous à nous offrir à toi et continue de nous nourrir de ta vie divine, sans laquelle nous ne pouvons pas aimer comme tu nous appelles à aimer !
Avec l’assurance de notre amitié fraternelle,
Père Vincent et toute l’équipe du SNEJV.
NB 1. Dans cette newsletter, vous trouverez de quoi alimenter vos outils pour une bonne pastorale pendant le confinement :
- des idées et des bonnes pratiques issus du terrain ces derniers jours
- une reprise sur les processus missionnaires, travaillés ensemble lors des sessions de rentrée
- un travail sur l’encyclique « Fratelli Tutti » et une présentation du prochain rassemblement de l’économie de François
- une présentation approfondie de la figure du jeunes bienheureux Carlo Acutis.
- et plein d’autres nouvelles que nous vous laissons découvrir.
Les rencontres de nos réseaux par visio (adolescents, étudiants, pastorale jeunes) ont été fortement appréciés. Nous renouvelons l’expérience dans les prochaines semaines. Notez bien les dates : ces temps sont très précieux pour marcher ensemble et recevoir du Saint-Esprit les bonnes intuitions.
NB 2. Paroles d’évêques sur le confinement et l’eucharistie.
- Mgr Pascal Roland, évêque d’Ars : « Si la foi nous habite, alors nous n’oublierons pas que notre monde est tout entier dans la main de Dieu et nous ne nous laisserons pas déstabiliser par les épreuves du moment »
- Mgr Jacques Benoit-Gonin, évêque de Beauvais, Noyon et Senlis « A vous, chers jeunes, je veux adresser un appel particulier. À vous qui attendez depuis des mois d’être enrichis des dons de l’Esprit Saint pour mieux vivre votre attachement à Jésus et servir son Église, par le sacrement de confirmation ; à vous tous qui ne pouvez pas vous réunir, servir et cheminer comme vous le souhaiteriez. Ne vous découragez pas ! N’abandonnez pas la belle route sur laquelle vous avancez ! »
- Mgr Christophe Dufour, évêque d’Aix & Arles – « Il est encore temps de faire le plein d’huile, frères et sœurs. Il est temps d’enraciner fermement notre foi dans la prière, dans un cœur-à-cœur quotidien avec le Christ vivant. Il est temps d’approfondir notre foi en revenant plus fidèlement à la lecture priée de l’Ecriture Sainte. Il est temps de raviver notre foi dans le partage et l’amour fraternel. »
- Mgr Eric de Moulins-Beaufort, archevêque de Reims et président de la conférence des évêques. « Nous, évêques, partageons la tristesse des fidèles, privés non seulement de la messe mais, pour certains, de la célébration d’une étape de leur initiation chrétienne ou de leur mariage. Des efforts collectifs sont nécessaires si nous voulons avoir une chance de célébrer Noël de manière digne, sans qu’une inquiétude exagérée pèse sur nos soignants mobilisés dans les hôpitaux et toutes les structures qui œuvrent pour la santé publique. Mais il est demandé aux pouvoirs publics d’organiser une concertation avec les cultes : nous nous y préparerons sans délai, avec le ferme espoir de trouver un protocole satisfaisant. » (Discours de clôture de l’Assemblée plénière)
- Mgr François Kalist, archevêque de Clermont. « Surtout, ne négligeons pas le nécessaire déploiement de toute vie eucharistique dans la vie fraternelle. Parmi les nombreux appels qui nous viennent d’une humanité en détresse, il en est un que nous ne pouvons ignorer ces temps-ci. La grande misère de la première vague de pandémie fut le délaissement de tant de personnes âgées, isolées, en fin de vie, recluses par disposition réglementaire. »
- Mgr Eric Aumonier, évêque de Versailles, aux jeunes du diocèse
- Mgr Hervé Gosselin, évêque d’Angoulême. « A chacun il est demandé de pouvoir inventer une nouvelle manière de vivre sa foi encore pendant quelques temps, en attendant de se retrouver ».
- Mgr Pierre d’Ornellas, archevêque de Rennes. « Certes, la privation de l’Eucharistie est une souffrance à offrir, mais que cette privation devienne pour chacun de vous un jeûne accepté et offert par amour. Oui, votre participation spirituelle au sacrifice de l’Eucharistie, qui est célébrée au moment où vous vous offrez avec Jésus, est toujours source de grâce et de croissance dans votre vie vers la paix: « La paix soit avec vous ! » (Jean 20) »
2 textes de la CEF
- Discours de clôture de l’Assemblée plenière, prononcé par Mgr Éric de Moulins-Beaufort, archevêque de Reims et Président de la Conférence des évêques de France. Lire en particulier le passage intitulé « le vrai culte ».
- Communiqué : Pas de vraie liberté sans respect et sans fraternité